Le brillant plateau vocal a assuré cette belle exécution en concert

par
Marie-Lemieux © Denis-Rouvre

Marie-Lemieux © Denis-Rouvre

Tancredi de Rossini
Commande de La Fenice et créé en 1813, Tancredi succède à sept petits opéras-comiques, bien accueillis. Voici cette fois le premier grand succès de Rossini, qui le mènera à alterner dorénavant opera seria et opera buffa.
La tragédie de Voltaire (1760), excellente, et pleine de ressorts dramatiques, se base sur un thème pas encore trop rebattu : la fiancée faussement accusée d'infidélité. La pièce se terminait mal, mais Rossini, fidèle à la mode de son temps,  adopta une fin heureuse (lieto fine), quitte à la modifier un peu plus tard pour la rendre plus proche de Voltaire. Bonne initiative, La Monnaie présente les deux versions, en concert (le 11 et le 14 octobre). Le talent du jeune Rossini repose essentiellement sur la virtuosité vocale, et, justement, une distribution exceptionnelle a comblé le public. Marie-Nicole Lemieux, au delà d'un ébouriffant  et très attendu "Di tanti palpiti", a démontré son aisance suprême dans ses duos, comme celui avec Amenaide à la fin du premier acte. Grande révélation de la soirée, la soprano géorgienne Salomé Jicia révéla un timbre riche, au service d'un chant puissant, mais respectueux du bel canto rossinien. Isaura n'a qu'un air, très bien chanté par le joli mezzo de Lena Belkina. Côté hommes, il faut saluer le superbe Argirio d'Enea Scala, qui a fait des débuts fracassants à Bruxelles, et soulevé l'enthousiasme du public dans ses deux grandes scènes, en particulier celle qui ouvre l'acte II, et son bel air "Ah! segnar invano io tento" . Le méchant de service, Orbazzano, pour une fois, n'a pas vraiment frappé, Ugo Guagliardo se montrant neutre et peu impliqué. Cette belle brochette de chanteurs a pu exceller dans les magnifiques ensembles dont Rossini a parsemé sa partition, tels  le finale du premier acte, grandiose et imposant, ou la remarquable scène chorale "Regna il terror nella città". Seul bémol de cette soirée, l'orchestre ou, plutôt, la direction de Giuliano Carella, souvent lourde et manquant de cet esprit vif et alerte qui, chez Rossini, marque autant le côté seria que le côté buffa. Un peu plus de prestance n'eût pas démérité. Mais le plateau vocal a assuré une magnifique soirée de bel canto.
Bruno Peeters
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, le 11 octobre 2017

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.