Les 5 Symphonies de Mendelssohn version Nézet-Séguin

Felix MENDELSSOHN
(1809 - 1847)
Symphonie n°1 en do mineur - Symphonie n°3 en la mineur "Ecossaise" - Symphonie n°2 (Symphonie-Cantate 'Lobgesang') - Symphonie n°4 en La Majeur (Italienne) - Symphonie n°5 en ré mineur "Reformation"
Karina Gauvin, Regula Mühlemann (sopranos), Daniel Behle (Ténor), RIAS Kammerchor, Chamber Orchestra of Europe, dir.: Yannick Nézet-Séguin
2017-3 CD 73'01'', 66'57'', 60'12''-Textes de présentation en anglais, allemand, français-DG 479 7337

Un an après la composition de la dernière de ses treize symphonies pour cordes, Mendelssohn se lance dans celles pour grand symphonique où les vents pourront chanter les divines mélodies du "Mozart romantique". On est en 1824 et la 1ère Symphonie reste encore proche du classicisme de Weber et de Schubert, même s'il ne connaissait pas la musique de ce dernier. Cinq ans plus tard, il se lance dans une symphonie célébrant le tricentenaire de la "Confession d'Augsbourg", texte fondateur de l'Eglise luthérienne. Elle deviendra la 5e Symphonie dite "Réformation" qui, pour des raisons politiques et religieuses, ne fut pas jouée pour l'occasion. Mendelssohn n'était pas satisfait de son oeuvre qui tarda à être diffusée -et qui l'est toujours peu. Assez austère, d'une belle orchestration sombre et cuivrée, on y sent l'application à intégrer des éléments de la liturgie protestante mais sans trop de conviction. Toute autre est la 4e Symphonie, l 'Italienne' ébauchée lors d'un séjour en 1830 à Rome et en Italie, pays de la nature "qui dispense le bonheur", terminée et créée trois ans plus tard avec le compositeur à la direction, ce dernier étant au piano pour le Concerto en ré mineur de Mozart. Grand succès conjugué. En 1838, Mendelssohn se lance dans un grand projet ; une symphonie-cantate dont le dernier mouvement réunirait deux sopranos, un ténor et un choeur, un chant de louange "Lobgesang" sur des textes de l'Ecriture Sainte dont les différentes parties sont reliées par le choral "Tout ce qui respire loue le Seigneur". Une oeuvre de plus d'une heure dont les effectifs font immanquablement penser à la 9e de Beethoven dont elle n'a cependant ni la carrure ni le naturel, ni d'ailleurs la force des grands oratorios de Mendelssohn lui-même. Oeuvre de circonstance, elle fut composée pour fêter le quadruple centenaire de l'invention de l'imprimerie par Gutenberg et créée à l'Eglise St. Thomas de Leipzig le 25 juin 1840 sous la direction du compositeur. Enfin, la 3e Symphonie, dite 'Ecossaise' évoque le voyage que Mendelssohn fit en Ecosse en 1829-30 -qui donna aussi naissance à la superbe Grotte de Fingal- mais qui ne fut composée que huit ans plus tard.
Mendelssohn, trop heureux pour être pris au sérieux ? Dans la notice de présentation, Yannick Nézet-Séguin combat cette idée d'un Mendelssohn superficiel : "Ses cinq symphonies révèlent une maîtrise extraordinaire du contrepoint. La manière dont il développe les voix individuelles et les assemble est phénoménale. Il répond on ne peut mieux à l'exigence de clarté". Clarté, lyrisme, expression, veine mélodique, sens de l'architecture, des proportions, instinct rythmique en perpétuel éveil, Nézet-Seguin le vit et l'exprime dans l'extraversion. Le concert est enregistré en "live" dans la toute nouvelle salle de la Philharmonie de Paris, et l'acoustique est remarquable, l'orchestre sonne de tous ses éclats dans l'Italienne et l'Ecossaise. On est moins séduit par la Lobgesang dans laquelle on souhaiterait plus d'intériorité et une plus grande cohérence des conduites vocales dans le mouvement final. Moins séduit aussi par la Réformation traduite de façon analytique, au pied de la lettre. Oui, le "Mozart romantique" est tout aussi délicat que son maître.
Bernadette Beyne

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 8