Les Nocturnes de John Field

par

John Field (1782-1837) : Nocturnes n°9 à 16 – Playing-with-Field n°4 à 6 – Serenade H.31 – Pastorale H.14 – Nocturne n°22, H.64
Stefan Irmer, piano
2015-DDD-59’02-Textes de présentation en anglais, français et allemand-MDG 618 1850-2

Après une intégrale de l’œuvre pour piano des Péchés de vieillesse de Rossini, le pianiste Stefan Irmer, féru des répertoires et pages oubliés, propose en 2015 le deuxième volume de l’intégrale des Nocturnes de John Field. De naissance irlandaise et décédé à Moscou, Field est en quelque sorte le précurseur de la musique romantique pour piano, et notamment du nocturne en musique. Novateur et improvisateur de talent, Field fût l’élève de Muzio Clementi à Londres, qui l’emmena bien volontiers dans ses voyages, notamment en Russie, où son génie et son sens de l’architecture sonore lui vaudront un statut d’artiste incontournable dans la vie culturelle aristocratique. Excellent pianiste de formation, Field développa dans l’écriture des ses Nocturnes un travail perpétuel de remise en question. C’est ainsi que certains nocturnes sont republiés avec des rajouts, transformations et variations, non pas dans le but de corriger quelques faiblesses mais plutôt pour apporter un nouveau regard, un regard plus mature. Mais ce sont essentiellement les Playing-with-Field qui surprennent : des variations, dans le langage jazz, et improvisations sur base des mélodies/thèmes, parties entières ou harmonies particulières de certains nocturnes.
Sur un piano Steinway D de 1901, Stefan Irmer a le sens très développé de la ligne mélodique, notamment par un accompagnement, plus rythmique et syncopé ici, délicat et juste. Irmer possède un jeu charmant, virtuose lorsque l’écriture le demande, plus sensible à d’autres. On appréciera notamment la délicatesse du Nocturne n°12 ou encore le caractère plaintif et sensible du 13. Le charme un peu naïf des Nocturnes de Field pousse parfois vers la platitude, mais Irmer les détourne de ce chemin en les rendant captivants. Les pages improvisées apportent quant à elle fraîcheur et swing, une page de jazz et/ou de tango qui suscite ici l’étonnement. Stefan Irmer ne propose donc pas une simple relecture mais davantage un travail abouti sur la compréhension du langage musical de John Field, accompagné d’une très belle présentation de l’œuvre. A noter également la prise de son remarquable qui bénéficie ici d’une acoustique naturelle, sans aucunes manipulations extérieures. A découvrir !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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