Les paysages orchestraux de Kenneth Fuchs

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Kenneth Fuchs (né en 1956) : Orchestral Works Volume 1. Cloud Slant, Solitary the Thrush, Pacific Visions, Quiet in the Land. Adam Walker, flûte. Sinfonia of London, direction : John Wilson. 2022. Livret en anglais, allemand et français. 59’16’’ Chandos. CHSA 5296. 

Figure majeure de la vie musicale aux USA,  Kenneth Fuchs reste trop peu estimé de ce côté de l'Atlantique. Sa musique a été portée à notre connaissance par des enregistrements Naxos dont l’un a obtenu un prestigieux Grammy Award. A son tour, l’infatigable John Wilson amorce pour Chandos une intégrale de sa musique orchestrale dont ce premier volume est le sujet de cette chronique. 

La musique de Kenneth Fuchs se déploie dans une veine illustrative d’une musique naturaliste et descriptive. On se place dans la continuité d’une école américaine dont Copland serait l’ADN de base : de superbes images poétiques couplées à une maîtrise parfaite de l’orchestration. Inspiré de trois tableaux de l’artiste peintre Helen Frankenthaler, associée au mouvement de l'Expressionnisme abstrait, le triptyque Cloud Slant s'illustre par des strates instrumentales éthérées et imagées qui font planer l’auditeur dans une narration qui répond à l’abstraction des toiles. Ce monde onirique se compose de multiples images par une science optimale de l’orchestration. C'est le sommet musical de cet album !

Autre grande réussite de cet enregistrement : le poème pour orchestre Quiet in the Land qui associe des climats tantôt sereins, tantôt sombres. Il faut dire que la pièce superpose une évocation des prairies ondoyantes du Midwest à celle de la Seconde Guerre du Golfe qui venait de commencer au moment où le compositeur se mettait à travailler à cette partition en 2003. Le contraste entre les moments idylliques et chambristes, presque coplandiens, et les orages s’efface progressivement devant des houles instrumentales portées par les pupitres de l’orchestre dont le martèlement des timbales créé un effet saisissant. 

Solitary The Thrush pour flûte et orchestre est une pièce concertante en quatre parties enchaînées qui épouse le timbre de la flûte exploité dans toutes ses potentialités. Enfin, Pacific Visions est une courte pièce pour orchestre à cordes, qui se conclut dans une bouillonnant prestissimo. 

L’excellent flûtiste Adam Walker et les pupitres du Sinfonia of London sont dignes d’éloges sous la direction inspirée de John Wilson qui met parfaitement en avant la richesse narrative et instrumentale de l’art de ce compositeur. On attend la suite avec impatience !

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 9  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot 

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