L'infatigable Festival Albert Roussel

par

Emile GOUE (1904-1946)
Quintette pour piano et cordes - Petite suite facile, pour quatuor à cordes - Trio à clavier
Quatuor Joachim, Olivier Chauzu (piano)
2013-DDD-62' 16''-Notice en français et en anglais-Azur Classical AZC100
Sixième CD, déjà, dédié à Emile Goué par la collection du Festival International Albert Roussel, décidément infatigable défenseur de ce compositeur trop tôt disparu.  Défendues par le Quatuor Joachim, ardent champion de la musique de chambre française (Franck, d'Indy, Saint-Saëns) et l'excellent pianiste Olivier Chauzu, élève entre autres de Gabriel Tacchino, voici trois pages consistantes. Ecrit en captivité en Allemagne (1944), le Quintette en impose, comme ceux de Franck ou de Schmitt, tant par sa durée que par sa densité d'écriture. Goué ne recule devant aucune dissonance, et adopte un langage assez moderne, austère, âpre même, à l'architecture vaste, héritée de Beethoven. Deux mouvements, dont le second enchâsse un "lento" avant le "rondo" final. La musique en est presque toujours tendue, hormis certaines rêveries un rien fauréennes ou même... jazzy. Il faut admirer l'art consommé de la gradation, lente et constante, qui sous-tend le final : la conclusion n'est est que plus impressionnante, comme une pleine affirmation de la joie retrouvée. La Petite Suite facile, pour quatuor (1940), charmante et brève, se déroule en trois petits mouvements dont seul le Rorate central se souvient du caractère rude de son auteur, les deux autres adoptant un caractère pastoral et folklorisant qui pourrait évoquer Ralph Vaughan Williams. Le Trio à clavier, bien antérieur (1933), est plus franckiste. Innervé par un tempo de chevauchée fantastique, il semble plus débridé, moins sanglé, que les autres oeuvres de Goué. L'écriture est vigoureuse, fluide, brillante même parfois. Voici donc sans doute le CD idéal pour aborder la musique de chambre d'Emile Goué, car il rassemble trois oeuvres fort intéressantes, ce qui n'a pas toujours été le cas dans les précédents volumes de la collection. Un grand bravo aux interprètes qui ont dû apprendre des partitions nouvelles et difficiles, sans certitude de les jouer souvent, hélas.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 8 - Interprétation 10

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