Mozart à la norvégienne sous la direction de Petr Popelka 

par

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n°39 en mi bémol majeur, KV 543 et  Symphonie nᵒ 40 en sol mineur, KV 550 . Norwegian Radio Orchestra, Petr Popelka. 2022. LIvret en anglais. 53’18’’ LAWO. LW1258.

Le chef d’orchestre Petr Popelka est l’un des noms montants de la direction d’orchestre. Directeur musical désigné des Wiener symphoniker, il est actuellement directeur musical de l’orchestre de la radio de Prague (Symfonický orchestr Českého rozhlasu). Cet ancien contrebassiste de la Staatskapelle de Dresde est également l’invité de grands orchestres et de prestigieuses maisons d’opéra à travers le monde. De 2020 à 2023, il a été le chef de l’Orchestre de la radio norvégienne (le KORK pour Kringkastingsorkestret). C’est avec cette phalange qu’il nous propose ce duo de symphonies de Mozart. 

Déjà, il faut saluer le choix, assez téméraire en ces temps où les chefs dans le vent préfèrent des œuvres démonstratives qui font du bruit par rapport à la difficulté stylistique du répertoire classique dans lequel tant ont si peu à apporter. On ne rappellera jamais assez que Haydn, Mozart et Schubert sont des étalons du niveau des chefs d’orchestres, loin des symphonies de Mahler et des poèmes symphoniques de Strauss que tant se plaisent à ânonner. 

Dans ce contexte, Petr Popelka séduit ! Il évite les écueils d’une vision trop nostalgique d’un passé pas si lointain avec une optique lente et lourde et les écueils d’une lecture dans l’air du temps avec des tempi à la vitesse déchaînée et des dynamiques exacerbées. Sa vision est équilibrée dans la modernité interprétative : tempi vifs et vigoureux mais jamais précipités ; dynamiques pertinentes mais jamais brutales et surtout une musicalité naturelle qui se consacre dans le dialogue des pupitres. La Symphonie n°39 est une très belle réussite avec ce mélange de générosité contrôlée et de tonus. Dès les premières mesures, l’oreille est attirée par cette justesse de ton et le bel équilibre entre les pupitres. Saluons la grande réussite des mouvements médians altiers et jubilatoires comme il le faut. L’Andante con molto est quant à lui parfait de nuances avec un dialogue millimétré entre les pupitres. La Symphonie n°40 est un peu en retrait et le reste se fait un peu plus raide, défaut qui apparaît en particulier dans le mouvement final “Allegro assai”.  

Le Norwegian Radio Orchestra est une phalange à tout faire qui passe du presque contemporain au répertoire classique avec un focus sur l’accompagnement de chanteurs pops qui constitue une large part de sa discographie. Au fil de ce disque, on découvre des musiciens appliqués, systématiquement up-to-date. La sonorité d’ensemble est agréable même si un peu neutre, mais la formation norvégienne s’acquitte avec mention très bien d’un exercice stylistique exigeant. 

Certes, la discographie est bardée de références et on ne troquera pas ce disque contre celui légendaire d’Harnoncourt à Amsterdam (Teldec), cependant c’est un témoignage pertinent d’un chef dont la notoriété ne peut que continuer de croître.

Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 10 – Interprétation : 8 (Symphonie n°40)/9 (Symphonie n°39)

Pierre-Jean Tribot

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.