Paderewski, le plus suisse des Polonais

par

Antonin Scherrer, Paderewski. Le plus suisse des Polonais.  Infolio éditions, collection Presto. ISBN 978-2-88968-181-5. 10 euros

Notre collègue Jean Lacroix a récemment présenté de manière très détaillée la collection « Presto » des éditions Infolio qui se donne pour objectif de mettre en lumière  « des thèmes suisses, illustres ou méconnus » , l’accent étant mis sur des artistes issus de la Confédération ou venus de l’étranger mais ayant entretenus un lien particulier particulier avec la Suisse, certains s’y étant d’ailleurs établis. 

On n’est donc pas vraiment étonné de trouver dans cette collection de minces ouvrages au format de poche très pratique un ouvrage consacré par Antonin Scherrer au pianiste et homme d’Etat Ignace Jan Paderewski (l’auteur préfère la version française du premier prénom du musicien au plus habituel Ignacy) sous le titre Paderewski, le plus suisse des Polonais

Le cas de Paderewski (1860-1941) est en effet assez exceptionnel. Pianiste fêté dont il nous reste d’intéressants témoignages sonores (ceux d’avant 1914 sont de loin préférables, la technique de l’exécutant s’étant assez dégradée après la Première guerre mondiale), Paderewski jouit en Pologne d’une aura exceptionnelle en raison de son rôle de Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qu’il occupa dans la Pologne ressuscitée au lendemain de la guerre. Titulaire de ces postes prestigieux de janvier à décembre 1919, il représenta son pays lors des négociations sur les Traités de Versailles et de Saint-Germain-en-Laye.

Il fut ensuite chef de la délégation polonaise auprès de la Société des Nations à Genève en 1920 et 1921.

Mais demandez à n’importe quel Polonais un peu féru de l’histoire de son pays où résidait Paderewski et il vous répondra directement : Morges, où se trouve d’ailleurs aujourd’hui le Musée Paderewski dont Antonin Scherrer est présentement le conservateur. Mais ce qu’on apprend en lisant le présent ouvrage, c’est que la propriété -hélas aujourd’hui disparue- et qu’occupa de 1897 à 1940 le grand musicien se situait en fait juste à côté de Morges, et plus précisément à Riond- Bosson majoritairement situé sur la commune voisine de Tolochenaz.

Si on ne trouvera pas dans un ouvrage aussi mince -62 pages, notes et intéressante bibliographie comprises- d’analyse approfondie de l’art de Paderewski, Antonin Scherrer esquisse de façon très vivante la biographie de l’illustre  musicien-homme d’Etat. Ses descriptions de la vie du couple Paderewski à Morges (pour faire simple) et l’effet produit par l’apparition du grand homme dans la quiète commune vaudoise nous en apprennent beaucoup. Vu l’angle d’attaque de l’ouvrage, on découvre avec intérêt que Paderewski fut fait citoyen d’honneur de Lausanne et qu’il usa de son influence auprès du général Guisan, commandant l’armée suisse, pour que le meilleur accueil soit réservé aux militaires polonais réfugiés  dans sa patrie d’adoption après la défaite de l’armée polonaise face à l’Allemagne. 

Si l’on ajoute que le livre d’une lecture très agréable est richement illustré, on ne peut que saluer le beau travail effectué par l’auteur. 

Patrice Lieberman

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