Paul Constantinescu, redécouverte en forme de curiosité
Paul Constantinescu (1909-1963) : Concerto pour piano et orchestre - Noces dans les Carpates (poème chorégraphique en un acte). Oliver Triendl, piano, Norddeutsche Philharmonie Rostock, Marcus Bosch, direction. 2024 - Textes de présentation en allemand et anglais - 53’06 -Hänssler Classic HC24014
L’aventureux label Hänssler Classic propose un nouvel enregistrement consacré au méconnu compositeur roumain Paul Constantinescu. Né à Ploiesti en 1909, Constantinescu se forma à Bucarest ainsi qu’à Vienne où il étudia en 1933-34 auprès de Joseph Marx et Franz Schmidt.
Figure respectée de la vie musicale roumaine avant comme après la guerre, il y acquit une flatteuse réputation dont il ne reste plus grand-chose. Même si l’orchestre philharmonique de sa ville natale porte le nom du compositeur, sa musique n’est plus guère jouée dans son pays.
L’écoute de cette nouvelle parution nous éclaire à la fois sur les raisons de son succès passé et du quasi-oubli dans lequel sa musique est aujourd’hui tombée. Compositeur cultivé, Constantinescu étudia la musique d’église byzantine et, comme Enesco et Bartók avant lui, s’intéressa de très près à la riche musique folklorique roumaine. Et c’est ici qu’on constate la différence entre les maîtres de la génération précédente et un compositeur au talent réel mais limité. Là où ses grands prédécesseurs partaient de la musique populaire pour en faire quelque chose de personnel au-delà de la simple citation et de son élaboration, la musique de Constantinescu débouche sur un folklore imaginaire qui ne s’éloigne guère de son modèle.
Ceci est particulièrement vrai dans le ballet Noces dans les Carpates où, malgré sa connaissance du folklore roumain authentique, Constantinescu ne parvient pas -en dépit d’une musique entraînante et brillamment orchestrée- à transcender son sujet comme avaient sur le faire Stravinsky dans Les Noces ou Szymanowski dans son ballet Harnasie.
Infatigable explorateur du répertoire pianistique méconnu, le pianiste allemand Oliver Triendl est le soliste du Concerto pour piano écrit par Constantinescu en 1952 et créé l’année suivante à Bucarest par le très jeune Valentin Gheorghiu sous la direction de Constantin Silvestri.
Cette œuvre, colorée et vivante et mettant très bien en valeur le soliste, nous montre un compositeur habile, musicien de goût mais -ce n’est pas offensant de le dire- sans génie. On comprend sans peine que cette partition colorée, venant d’un auteur aux penchants traditionnels et où on chercherait en vain la moindre trace de modernité, n'a pu à l’époque que plaire aux tenants du réalisme socialiste. Il ne faut cependant surtout pas faire de mauvais procès à Constantinescu, resté fidèle à un style qui était naturellement le sien.
En tout cas, ce concerto est défendu avec une totale conviction par l’excellent Oliver Triendl qui bénéficie d’un soutien enthousiaste et de qualité de la Norddeutsche Philharmonie et de son directeur musical Marcus Bosch. Chef et orchestre se montrent par ailleurs sous leur meilleur jour dans Noces dans les Carpates.
Son 9 - Livret 8 - Répertoire 6 - Interprétation 9