Quatuor Arsys, la passion du saxophone
Joseph Jongen (1873-1953) : Quatuor en forme rapsodique libre op.22, pour saxophones
Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Quatuor à cordes n°8 op.110 (transcription)
Thierry Escaich (1965) : Tango Virtuoso
György Ligeti (1923-2006) : 6 Bagatelles pour quintette à vents (transcription)
Michael Nyman (1944) : Songs for Tony (extrait)
Quatuor Arsys : Paul-Hugo Chartier, saxophone soprano ; Gema Fernandez Arévalo, saxophone alto ; Erik Demaseure, saxophone ténor ; Jérémie David, saxophone baryton
Jeunes diplômés du Conservatoire Royal de Bruxelles où ils sont aujourd'hui en résidence, les musiciens du Quatuor Arsys se sont fixé un objectif ambitieux : faire découvrir le saxophone à un large public. Déjà invités lors de nombreux concerts, au nombre de leurs projets figure notamment le spectacle jeune public Le grenier d'Adolphe Sax, programmé en novembre dans le cadre des Jeunesses Musicales de Belgique. Très attachés à la transmission, ils caressent aussi l'idée d'une académie d'été... Pour leur premier concert au Palais des Beaux-Arts, le programme était constitué à parts égales d’œuvres originales et de transcriptions. Rappelons que le saxophone, inventé au milieu du 19e siècle, dispose d'un répertoire relativement restreint ; trop vite associé au jazz, il est encore difficile aujourd'hui de l'imposer comme instrument « classique ».
Le Quatuor op.22 de Jongen, œuvre claire-obscure, démontre la gamme de couleurs que peut avoir une telle formation. Le quatuor Arsys excelle dans les nuances douces et crée des sonorités rondes malgré une acoustique défavorable. Dans le 8e quatuor de Chostakovitch en revanche, l'ambiance est radicalement différente. Cette pièce de 1960 a été écrite sous le choc de la visite de Dresde encore partiellement détruite par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale et marque, dans la carrière du compositeur, comme un premier bilan, citant ses œuvres antérieures (2e trio, concerto pour violoncelle...). La transcription n'enlève rien à la force de l’œuvre, au contraire, ajoutant parfois un surcroît de violence aux mouvements les plus rythmés. Arsys gère la partition avec précision, énergie et une grande virtuosité dans l'imitation des cordes (arpèges, notes répétées...). Les pièces de Escaich et Ligeti, plus ludiques, viennent mettre en exergue la grande complicité qui unit les musiciens qui, à partir de là, jouent sans partition. Enfin, la première des Song for Tony de Michael Nyman, le must des quatuors de saxophones, conclut le concert avec une puissante énergie. Conclut ? Pas vraiment car le bis, un joyeux paso doble, vient prouver que le saxophone a encore bien des surprises à nous offrir !
Quentin Mourier
Bruxelles, Bozar, le 12 octobre 2014
Plus d'information sur l'ensemble et ses prochaines dates de concert sur www.collectif-arsys.eu