Mots-clé : Alvise Badoero.

Stéréotypes : les transcender ou non

par

La Gioconda d’Amilcare Ponchielli dirigée par Paolo Carignani et mise en scène par Olivier Py

Presque universellement et intemporellement, pour la grande masse de ceux qui l’aiment, l’opéra, quelles que soient ses multiples concrétisations (baroque, vériste, wagnérienne, contemporaine), se cristallise en une sorte de forme-stéréotype qui fonde leur passion. Une forme qui confronte ses interprètes à un défi : réussir (ou non) à transcender le stéréotype. A La Monnaie, La Gioconda d’Amilcare Ponchielli en est une remarquable démonstration.

Il convient d’abord que le livret, à la lecture préalable de son intrigue, apparaisse quasi incompréhensible ou plus que sollicité dans ses rebondissements. Ainsi celui-ci d’Arrigo Boito : la Gioconda, une chanteuse des rues aimant-pas aimée ou pas par celui qu’elle voudrait ; la Cieca, sa mère aveugle ; Enzo Grimaldo, un prince exilé ; Barnaba, un espion malfaisant ; Laura Adorno, une femme mariée aimée-n’aimant plus-aimant ; Alvise Badoero, un mari trompé, institutionnellement tout-puissant et jaloux à tuer ; et des figurants Venise-carte postale. Voilà de quoi multiplier les « grandes scènes » : incompréhensions, sentiments exacerbés, douleurs incommensurables, cris de trahison et de vengeance… dague et poison… et narcotique de substitution si besoin en est.