Mots-clé : Christophe Chassol

Un bel air de jeunesse souffle sur l’Atelier Lyrique de Tourcoing

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Lorsqu’ils entendent le nom « Atelier lyrique de Tourcoing » les gens de ma génération, mais pas seulement, pensent évidemment à Jean Claude Malgoire, qui en fut, dès 1981 et pendant quatre décennies ou presque, le maître d’œuvre inspiré et inspirant ; hautboïste d’exception, fondateur dès 1966 de l’ensemble instrumental « La Grande écurie et le Chambre du Roy »  avec lequel il donnera, sur instruments d’époque, plus de 5000 concerts  de par le monde et à Tourcoing dans ce Nord de la France tout heureux d’ accueillir cet Avignonnais à l’accent chantant , habité par la musique qu’elle soit baroque ou contemporaine et grand découvreur de talents et de voix nouvelles ( Philippe Jaroussky, Véronique Gens,  Sonya Yoncheva, Dominique Visse, Nicolas Rivenq…) 

Bref, Jean Claude Malgoire fit les beaux jours de l’atelier lyrique et contribua au fil des ans à la formation d’un public fidèle et averti et l’on comprend que sa disparition en 2018 laissa un grand vide.

L’arrivée successive de François-Xavier Roth, comme nouveau Directeur avec son prestigieux orchestre « Les Siècles » en résidence puis celle d’Alexis Kossenko , flûtiste de renommée mondiale, à la tête d’un nouvel ensemble « Les Ambassadeurs- La Grande écurie » présageait du meilleur. La renommée internationale et l’excellence musicale des uns et des autres en témoignent

seulement patatras ! Il est apparu que les deux chefs, par un curieux mimétisme, se sont à peu d’intervalles de temps, « pris les pieds dans le tapis » si toutefois on peut utiliser cette expression imagée pour qualifier un comportement inapproprié. L’avenir dira ce qu’il en advient.

Fort heureusement l’esprit de responsabilité, la résilience et la capacité d’initiative des musiciens comme de la dynamique petite équipe permanente de l’Atelier lyrique ont permis de sortir par le haut d’une situation abracadabrantesque aussi imprévisible que malvenue.  Une saison joyeusement éclectique sous le sigle élégant et rassembleur de l’Esperluette.

Festival Présences 2024 : tout à Reich

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Un festival, c’est souvent un voyage : embarquement à Dole dans le Lausanne-Paris pour un trajet rectiligne (c’est souvent l’impression que laisse le Train à Grande Vitesse, mal calibré pour les virages en épingle à cheveu), balade de la Gare de Lyon à la Maison Européenne de la Photographie (une étape plus obligée qu’un torticolis au pied de la tour Eiffel) pour l’exposition Phosphor de Viviane Sassen, curieuse touche-à-tout (photo, collage, peinture) éduquée à Utrecht, déjeuner thaï dans le Marais, métro jusqu’à l’hôtel (chambre étriquée, wifi en panne mais accueil cordial) – il fait gris pourtant la ville me semble plus respirable que d’habitude : les vélos à la place des voitures, ça a du bon.

L’édition 2024 du Festival Présences, que je découvre, s’articule autour de Steve Reich (1936-), une personnalité très américaine, relax (quand je l’entends en Artist Talk après Music For 18 Musicians il y a quelques années à la Philharmonie de Paris) et casquetté (lui ne soudoie aucune starlette porno ni n’appelle à envahir le Capitole), très cool du haut de son âge respecté, pionnier d’une musique minimaliste (à une époque où l’avant-garde est férue de complexité), dite aussi répétitive, avec d’autres, dont les plus (re)connus sont sans doute Terry Riley et Philip Glass -mais on pense aussi à des artistes plus ou moins extravagants comme La Monte Young ou Phil Niblock-, un maître de la pulsation qui, depuis les années 1960, voit son travail avalisé aussi par le (grand) public.

Cette mise à l’honneur comporte quelque responsabilité puisque, outre ses propres œuvres, le programme comprend des pièces de compositeurs choisis parmi les musiques qu’il aime et qui diversifient le paysage de la création contemporaine -lui qui évoque les années 1950, comme celles où les aspirants musiciens n’avaient à suivre que la voie débroussaillée par Stockhausen, Berio ou Boulez, aspirés vers une écriture qui semblait avoir mis de côté l’émotion.