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A Genève, une ouverture de saison éclectique pour l’OSR

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Pour ouvrir la saison 2025-2026, l’Orchestre de la Suisse Romande présente pour deux soirées au Victoria Hall un programme éclectique que dirige son chef titulaire, Jonathan Nott.

La première partie comporte deux pages de notre époque. De la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, Ciel d’hiver est une transcription pour orchestre réduit du mouvement central d’Orion, triptyque gigantesque composé en 2002 et créé l’année suivante à Cleveland sous la direction de Franz Welser-Möst. Cette pièce évoque le chasseur Orion, fils de Poséidon, qui avait le don de marcher sur la mer et qu’à sa mort, Zeus aurait transformé en constellation. Jonathan Nott en dégage le caractère énigmatique sur fond de harpe, alors que le piccolo livre une incantation que développeront le premier violon, la clarinette, le hautbois et la trompette en sourdine. L’éventail sonore se dépolie par paliers en sollicitant les cuivres. Puis la vision s’estompera en fines touches que ponctuera la harpe toujours aussi mystérieuse.

A Genève, Britten et Chostakovitch avec orchestre de chambre

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Dans le cadre du cycle Britten-Chostakovitch présenté durant cette saison par l’Orchestre de la Suisse Romande, a été proposé, le 29 janvier, un programme fascinant car les trois oeuvres choisies requéraient une formation de chambre. Pour le diriger, l’on a fait appel au chef anglais Alexander Shelley, directeur musical de l’Orchestre National des Arts à Ottawa et premier chef associé du Royal Philharmonic Orchestra à Londres.

En première partie, sont donc inscrits deux ouvrages de Benjamin Britten. Le premier, Lachrymae, a été élaboré pour alto et piano et a été créé au Festival d’Aldeburgh en juin 1950 par son dédicataire, William Primrose, accompagné par le compositeur lui-même ; puis, à la demande d’un autre célèbre altiste, Cecil Aronowitz, la partie de clavier a été remaniée pour orchestre à cordes en 1976 sous cote op.48 a. Et c’est donc à cette seconde version que nous confronte Alexander Shelley avec le concours de l’altiste soliste de l’OSR, Elcim Özdemir qui, dès le Lento introductif, bénéficie d’un canevas tamisé pour exposer avec une douloureuse noblesse la mélodie de John Dowland, If my complaints could passion move servant de base à dix variations ; la ponctuation véhémente des contrebasses entraîne le discours vers un allegro pathétique que la soliste rend expressif par la virulence des pizzicati et doubles cordes ; et la reprise du motif initial rassérène la coda. En bis, la jeune femme réunit sous forme de quatuor les chefs de pupitre afin de révéler la page originale de John Dowland.