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Brahms par le COE : Veronika Eberle et Jean-Guihen Queyras admirables, Yannick Nézet-Séguin contestable

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C’est un concert exclusivement consacré à Brahms que nous propose l’Orchestre de Chambre d'Europe, sous la direction de l’un de ses membres honoraires, le chef canadien Yannick Nézet-Séguin. Comme son nom peut le laisser entendre (en version originale : Chamber Orchestra of Europe, souvent siglée « COE »), ce n’est pas une formation permanente attachée à une ville ou à un pays, mais des musiciens de toute l’Europe qui, depuis 1981, se retrouvent pour des sessions de concerts. Il n’a ni directeur musical ni chef d'orchestre titulaire. Si, à ses débuts, Claudio Abbado et à Nikolhaus Harnoncourt ont grandement contribué à fabriquer son identité artistique, de nos jours c’est bien Yannick Nézet-Séguin, star internationale de la direction d’orchestre, qui le fait briller aux quatre coins du monde.

Au programme, la traditionnelle trilogie ouverture-concerto-symphonie. Pour commencer, l’Ouverture tragique (des deux ouvertures écrites par Brahms, c’est « celle qui pleure », selon le compositeur – l’Ouverture pour une fête académique étant « celle qui rit »). Yannick Nézet-Séguin en donne une interprétation énergique et spectaculaire. Il y a beaucoup d’effets certes efficaces, mais le mystère et la poésie peinent à prendre leur place.

Marin Marais revisité pour violoncelle et piano

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Œuvres et transcriptions de Marin Marais (1656-1728) : extraits des deuxième, troisième, quatrième, cinquième Livre de Pièces de Viole et de la Sonate à la marésienne. Jean-Guihen Queyras, violoncelle. Alexandre Tharaud, piano. Guillaume Gallienne, récitant. Août 2022. Livret en français, anglais, allemand. TT 62’03. Harmonia Mundi HMM 902315

Haydn revisité et en perspective par Christian Poltéra

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Joseph Haydn (1732-1809) : Concerto pour violoncelle n°1 en Ut Majeur, Hob.VIIb:1  : Concerto pour violoncelle n°2 en Ré majeur, Hob.VIIB:2 ; Symphonie n°13 en Ré majeur, Hob I:13 ("Adagio" ; Paul Hindemith (1895-1963) : Trauermusik pour violoncelle et orchestre à cordes. Münchener Kammerorchester, Christian Poltéra. 2021. Livret en anglais, allemand et français. 61’20’.’ BIS-2507.

Jean-Guihen Queyras avec l'OSR à Genève

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Chaque saison, à l’occasion de la Journée des Nations Unies, l’Orchestre de la Suisse Romande donne un concert qui est présenté en prime au public le soir précédent. A cet effet, Jonathan Nott choisit un programme Beethoven – Haydn qui peut convenir à n’importe qui en commençant par une page brillante, l’ouverture que Joseph Haydn, au service du Prince Esterhazy, composa pour son dramma giocoso, Il Mondo della Luna, sur un livret de Carlo Goldoni, créé à Esterhaza le 3 août 1777. Sa baguette lui prête un tour alerte, pimenté d’ironie, que façonne la souplesse de phrasé des cordes, se mettant ensuite au second plan pour laisser chanter les bois, tout en insufflant exubérance au tutti. Intervient ensuite le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, interprète du Concerto en ut majeur Hob.XVIIB.1 ; d’emblée, il prend part à l’introduction orchestrale avant de livrer le solo dans une sonorité mordorée d’une rare ampleur qui confère éclat à son jeu, usant magistralement des doubles cordes pour faire sourdre les contrastes de coloris ; et sa première cadenza révèle une extrême liberté de ligne, tout en conservant pour point de mire la thématique du Moderato. L’Adagio n’est que demi-teintes expressives à fleur de touche, tandis que le Finale, extrêmement rapide, éblouit par ses traits à la pointe sèche qu’emporte un irrésistible entrain. Devant l’enthousiasme délirant du public, le soliste, manifestement ému, concède deux bis, une page d’Henri Dutilleux, la Première Strophe sur le nom de Sacher, sollicitant les ressources les plus inattendues de l’instrument, suivie du Prélude de la Quatrième Suite en mi bémol majeur de Bach, à la sérénité majestueuse.