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La 25e édition des Rencontres musicales de Vézelay, un pont entre les siècles

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La 25e édition des Rencontres musicales de Vézelay s’est conclue le dimanche 24 août par un Requiem de Mozart, interprété par Les Métaboles et l’Orchestre national de Metz Grand Est. Après trois années de résidence à la Cité de la Voix, Les Métaboles prolongent leur compagnonnage pour un nouveau cycle triennal, confirmant leur rôle essentiel dans la diffusion de la musique chorale d’aujourd’hui.

Viva la Gracia ! Par Alkymia

Notre week-end s’ouvre dans la magnifique église Saint-Germain de Vault-de-Lugny, dont les murs couverts de fresques médiévales offrent un écrin saisissant. Avec Viva la Gracia !, l’Ensemble Alkymia fait résonner l’héritage africain au sein de la tradition baroque latino-américaine, à travers un choix de villancicos de negros. C’est un périple sonore qui franchit l’Atlantique, reliant l’Espagne, le Portugal, l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Sud.

Deuxième volet du projet « Sucrerie », ce programme déploie un kaléidoscope de danses et de chants, associant des œuvres de Santiago de Murcia, Felipe Olivelles, Sébastian Durón, Juan de Araujo, aux créations de figures contemporaines telles que César Junaro, Matilde Casazola, Gonzalo Hermosa Gonzales ou Manuel Soliz.

La direction vive et inspirée de Mariana Delgadillo Espinoza, fondatrice de l’ensemble, insuffle à chaque pièce une intensité communicative. Soutenus par un instrumentarium chatoyant – tambours, sistres, flûtes, quena, doulciane, viole de gambe, guitare baroque, charango –, les huit chanteurs déploient des timbres à la fois souples et ardents, tout en jouant eux aussi des percussions.

Zaïde à l'opéra d'Avignon

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L'opéra du grand Avignon offrait une reprise de la production de Zaïde de Mozart donnée originellement à l'opéra de Rennes en 2023. Étant donné qu'il ne reste que quelques arias de ce singspiel, demande a été faite à Robin Melchior de composer les parties manquantes. Plutôt que de se raccorder au génie de Mozart, le compositeur français a préféré composer une ouverture tenant à la fois de la musique de film et de l'avant garde boulezienne, et une conclusion en comédie musicale à la Jacques Demy. Il n'est pas le seul à avoir posé les armes devant Mozart. Pour les récitatifs, carte blanche avait été donnée aux librettistes françaises Alison Cosson et à Louise Vignaud. 

Foin de la Turquie, qui justifie l'origine orientale des noms des protagonistes, annonçant L'Enlèvement au sérail et par conséquence La Flûte enchantée, l'œuvre se passe ici, comme dans la Tempête de Shakespeare, sur une île déserte, où Zaïde, le Sultan Soliman et Allazim se sont échoués depuis assez longtemps pour qu'un rapport hiérarchique naisse entre eux, que Zaïde veuille se rebeller, et sur laquelle règne une créature magique, incarnation autant de la nuit que de l'île elle-même. Foin aussi donc de la subtilité narration de Da Ponte ou l'intelligence de Shakespeare, le livret est ici aussi naïvement péremptoire qu'une œuvre jouée en fin de d'année de primaire, lui donnant un caractère d'amateurisme et cela d'autant plus que la continuité linguistique est sans arrêt rompue avec des récitatifs en Français et les arias d'origine en Allemands.

Il faut donc chercher Mozart dans ce collage grossier de parties benoites récentes et d'origines prometteuses. Certes les arias ne sont pas aussi travaillées que celles de L'Enlèvement au sérail, et à plus forte raison de la Flûte enchantée, les devançant de plusieurs années, mais elles révèlent déjà la façon quasi miraculeuse de Mozart de déployer et de faire dialoguer les tessitures. 

Alexandre Dumas et la musique, de romances en mélodies

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Alexandre Dumas et la musique. Airs de Jules Massenet, Hector Berlioz, Franz Liszt, Henri Duparc, Benjamin Godard, Joseph Doche, Gilbert Duprez, Hippolyte Monpou, Alphonse Varney, André Messager, Edmond Guion, César Franck, Henri Reber et Francis Thomé. Karine Deshayes, mezzo-soprano ; Marie-Laure Garnier, soprano ; Kaëlig Boché, ténor ; Raphaël Jouan, violoncelle ; Alphonse Cemin, piano. 2020. Notice en français et en anglais. Textes poétiques en français avec traduction anglaise. 67.25. Alpha 657.

Une (re)découverte bienvenue : Görge le rêveur à Nancy

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Quelle belle soirée, musicale, vocale et scénique. Mais avant de justifier cette affirmation heureuse, il est, je pense, nécessaire de s’attarder un peu sur la genèse de ce Görge le rêveur.

 C’est un opéra d’Alexander von Zemlinsky (1871-1942) dont on connaît peut-être Le Nain, Le Roi Candaule et Une Tragédie florentine, des œuvres peu représentées… sinon à Nancy justement ! Chef d’orchestre applaudi et professeur reconnu, Zemlinsky fut très proche de Schönberg (devenant même son beau-frère) qu’il ne suivra cependant pas dans ses innovations radicales (cet opéra en est la preuve). Il sera aussi l’ami de Gustav Mahler. Menacé par l’arrivée au pouvoir des nazis, il devra s’exiler aux USA. Il y mourra.

C’est justement Mahler, alors directeur de l’Opéra de Vienne, qui, en 1906, lui passe commande de l’œuvre. Mais Mahler quitte Vienne et l’œuvre n’intéresse pas le nouveau directeur. On va l’oublier longtemps : il faudra attendre octobre 1980 pour qu’elle soit enfin créée à l’Opéra de Nuremberg. L’Opéra de Lorraine, en coproduction avec l’Opéra de Dijon, en assure la première représentation en France.