Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Dixit Dominus HWV 232. Nisi Dominus HWV 238. Laudate pueri HWV 237. Carolyn Sampson, Johanna Winkel, Viktoria Wilson, soprano. Alex Potter, alto. Hugo Hymas, ténor. Andreas Wolf, basse. Rias Kammerchor Berlin. Akademie für Alte Musik Berlin, dir. Justin Doyle. Août 2022, septembre 2023. Livret en français, anglais, allemand ; paroles en latin et traduction trilingue. 61’15’’. Harmonia Mundi HMM 902723
Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Ero e Leandro HWV 150. Tra le fiamme HWV 170. Armida abbandonata HWV 105. Tu del ciel ministro eletto [Il Trionfo del Tempo e del Disinganno HWV 46a]. Nardus Williams,soprano. Dunedin Consort, dir. John Butt. Janvier 2024. Livret en anglais ; paroles en italien et traduction en anglais. 60’17’’. Linn CKD 747
L’Opéra de Rennes a proposé, les 14 et 15 mars, La Résurrection de Haendel à quelques semaines de Pâques. Ces deux concerts inaugurent une tournée qui mène les musiciens du Banquet céleste à Tourcoing, Beaune, Saint-Malo et La Chaise-Dieu jusqu’en été. Véritable fruit de la collégialité, ils jouent sans chef.
Composée pour des représentations pascales alors que le pape interdisait celles d’opéra à Rome, La Résurrection, le premier oratorio sacré que Georg Friedrich Haendel ait jamais composé, est en fin de compte un opéra déguisé en oratorio. L’affirmation de l’humanité dans l’expression le prouve : le sentiment presque amoureux de Marie-Madeleine pour Jésus, le désir de domination chez Lucifer et son altercation verbale avec l’Ange, la prémonition de Saint Jean... Tout tend à évoquer un opéra plutôt qu’une œuvre destinée à l’église.
Sur la scène de l’Opéra de Rennes, les cinq chanteurs solistes ont assumé leurs rôles avec une caractérisation extraordinaire. En tout premier lieu, le Lucifer de Thomas Dolié est un véritable tour de force : impeccable dans les phrasés, avec des intonations toujours bien menées et une théâtralité irrésistible mais sans aucun superflu. La basse dense et profonde correspond particulièrement bien à l’expression ténébreuse, quelques grimaces renforçant la construction du rôle.
Céline Scheen trouve en Marie-Madeleine une femme amoureuse, à la fois tourmentée et sereine. L’intensité de son timbre et la vigueur de la projection reflètent merveilleusement le for intérieur du personnage. Paul-Antoine Bénos-Djian forme un duo idéal avec Céline Scheen, affichant la même force vocale et musicale. Le timbre légèrement ambré de sa voix confère à Marie, femme de Cléophas (Cleofe dans le programme), une touche émouvante, notamment dans « Piangere » à la mort de Jésus, qu’il chante en tremblant.