Mots-clé : Sara Blanch

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Mozart en première espagnole en 2025 ? Cela peut surprendre, certes, mais ce laps de temps nous semblera plus raisonnable si l’on considère que la première fois qu’on a pu voir ou entendre cet ouvrage, après sa création en 1770, fut à Salzbourg en 1977. En Espagne, plusieurs versions de concert ont vu le jour, notamment avec Mark Minkowski au Teatro Real, mais aucune scénique. On rappellera aussi que l’opéra a vécu des temps difficiles entre la guerre civile 1936-39 et la disparition du dictateur Franco en 1975 car… il détestait cet art ! Ce magnifique bâtiment qui est le Teatro Real a été dédié pendant toute cette période uniquement au concert et servi aussi de siège au Conservatoire Supérieur de Madrid. L’opéra subsistait avec des difficultés à Barcelone et occasionnellement en province. L’on avait confié la restauration à l’architecte José María García de Paredes, (qui était marié à la nièce de Manuel de Falla) et il a fait en sorte que les exigences de l’opéra restent possibles en vue d’une ultérieure remise en état en tant que maison d’opéra, notamment pour sa gigantesque cage de scène.

De nos jours, Mitridate fait inlassablement l’admiration des mélomanes par la précocité de l’auteur. Il me semble, néanmoins, que nous devons faire abstraction de son jeune âge pour considérer la manière absolument magistrale avec laquelle Mozart utilise des éléments de dramaturgie musicale pour souligner les états d’âme extrêmes des protagonistes dans ce contexte d’ambitions politiques et trahisons amoureuses qui en constituent la trame. Des ruptures harmoniques, des modulations soudaines ou des chromatismes inusuels jalonnent un discours musical parsemé d’airs magnifiques, dont se détache la prodigieuse beauté et le dramatisme de cet inoubliable « Nel grave tormento » confié à Aspasia. Le compositeur devait compter avec une distribution de tout grands virtuoses car il est presque impossible d’y trouver un air « facile » où les embûches virtuoses n’en remplissent au moins les deux tiers. Il est vrai aussi que le discours dramatique n’est pas encore tout à fait accompli et que le dénouement prévu par Vittorio A. Cigna-Santi en forme de « happy end » n’améliore en rien le drame absolu de l’original de Racine. Il semblerait aussi que Mozart n’ait eu le moindre échange avec le librettiste, se bornant à démontrer qu’il était capable d’en écrire la musique. Nous sommes loin de la complicité future avec Da Ponte ou Schikaneder dont découleront des monuments théâtraux insurpassables. L’anecdote avec la « prima donna » Antonia Bernasconi est savoureuse : elle avait exigé pour son rôle de ne chanter que les airs d’Aspasia du « Mitridate » de Gasparini qu’elle avait déjà présenté en public. À un certain moment des répétitions, elle a voulu connaître la musique que l’adolescent autrichien lui avait écrite. Stupéfaite… elle a vite appris les airs de Mozart pour les chanter à la première…

Un « Ballo in maschera » ambigu au Liceu

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Verdi présenta ce merveilleux opéra en 1859 au Teatro Apollo de Rome, après avoir annulé son projet à Naples en raison de la censure. Le sujet, historique, traite de l’assassinat du roi Gustave III pendant un bal masqué en 1792. Comme les censeurs napolitains des Bourbons trouvaient immoral le régicide sur scène, on transforma donc le roi en Grand-duc de Poméranie et puis en gouverneur de Boston… très simple ! Le musicologue américain Philip Gosset, grand prêtre de l’opéra italien depuis sa chaire à l’Université de Chicago et son University Press, avait concocté il y a quelques années une partition reconstruisant les intentions premières de Verdi, mais elle n’est pas encore entrée dans les mœurs des maisons d’opéra. Il faut dire que cette production avait été pensée pour le Teatro Reggio de Parme par Graham Vick, ce créateur théâtral si original qui décéda des suites du Covid en 2021 sans avoir complété son travail. C’est son élève et assistant à l’époque, Jacopo Spirei qui lui rend hommage en présentant ici l’accomplissement de ce projet. En 1859, Verdi écrivait des opéras à succès depuis près de trente ans et il était au sommet de son métier. Dès le prélude, les éléments caractérisés se font entendre : la passion amoureuse, la jalousie, la trahison de l’ami proche. Et les traite dans une trame contrepuntique qui souligne théâtralement à quel point ces passions sont entrelacées. Des thèmes qui réapparaitront pendant tout l’opéra, non pas à la manière du leit motiv wagnérien mais comme une sorte de chemin musical qui renforcera leur impact dramatique. Il est intéressant de rappeler que Verdi possédait dans sa bibliothèque toutes les partitions de Wagner et suivait de près son évolution. Le contraire… est moins probable, même si quelquefois le Teuton a laissé échapper une certaine jalousie face aux succès de son confrère italien. Parmi les trouvailles musicales de cet ouvrage, sans parler de la beauté des airs et des ensembles, il faut rappeler le fugato qu’introduit la scène des conspirateurs, le fabuleux accompagnement par les contrebasses en pizzicati du trio Renato, Samuel et Tom « Dunque l’onta di tutti », et le sarcastique chœur des médisances sur l’adultère présumé « E che baccano sul caso strano». Ce recours à la fugue et au contrepoint ne sera qu’un prélude à ce qui viendra plus tard dans le Sanctus du Requiem, un prodigieux filigrane à huit voix, ou au formidable finale de Fallstaf avec cet inoubliable « Tutto nel mondo è burla » qui marquera les adieux de Verdi au théâtre.

Ce « Ballo in maschera » du Liceu restera dans la mémoire par l’excellence de l’équipe de chanteurs et de son directeur musical, Riccardo Frizza, en qui certains voient le successeur de Josep Pons à la fin de son contrat en 2026. Il est magistral du point de vue du style, de la recherche des éléments dramatiques dans l’orchestration et aussi dans la flexibilité qu’il apporte au phrasé, secondé par un orchestre incandescent et flexible et par des chœurs précis et vaillants.

Bellini en ouverture de saison à Nice

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L'Opéra de Nice ouvre la saison d'opéra avec La Sonnambula de Vincenzo Bellini, une coproduction internationale avec le Metropolitan Opera de New-York, le Semperoper de Dresde et le Théâtre des Champs-Elysées.

La distribution vocale appelle des éloges. Le public a le privilège de découvrir la jeune soprano catalane Sara Blanch qui fait forte impression. Elle déchaîne l'enthousiasme dès l'air d'ouverture, la Cavatine "Come per me sereno", qu’elle  chante avec aplomb et prise de risque. C'est maîtrisé de bout en bout et très spectaculaire. Sara Blanch est unique, en termes d'art, de pureté de voix, de ton doré fantastique et de talent. Elle incarne le rôle d'Amina où elle exprime toute la fragilité de l'adolescente innocente. Sa voix est magique pleine d'émotion et l’artiste se surpasse dans l'aria "Ah non credea mirarti" de la scène finale.  Il y a beaucoup de mélomanes italiens, toujours des plus exigeants dès qu’il s’agit de bel canto dans la salle comble et les "Brava" retentissent.

Autre belle surprise, le ténor uruguayen Edgardo Rocha qui interprète le rôle d'Elvino. Rocha est un ténor lyrique léger parfait pour le répertoire belcanto. Sa voix est puissante, souple, douce, ironique avec un phrasé net.  Alors qu'il a interprété pratiquement tous les rôles du répertoire belcanto, il débute dans le rôle d'Elvino.  On apprécie l'homogénéité et la complicité avec Sara Blanch dans les duos du premier acte.

Le Liceu ouvre la saison avec un Don Pasquale débordant de joie

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Créé en 1843, alors que Donizetti avait déjà composé pas moins de 70 titres, Don Pasquale est en quelque sorte son testament théâtral. Chef d’œuvre de l’« Opera buffa », il en sera aussi pratiquement son oméga car seuls deux autres grands l'ont suivi : l'inclassable Fallstaff verdien et le très spécial Gianni Schicchi de Puccini. Intitulé à bon escient « Dramma giocoso », le propos est à première vue joyeux et insouciant, mais la trame sous-tend bien de considérations profondes sur la nature humaine, le vieillissement et la liberté individuelle. La veille de la création parisienne au Théâtre des Italiens, qui avait connu les grands succès rossiniens, Wagner présentait à Dresden son Fliegende Holländer et, quelques mois plus tard, ce sera le tour de la création du Ernani de Verdi. En 1843, Donizetti n'a que 46 ans, mais la maladie le ronge et la révolution de 1848, année de sa mort, commence à sourdre. Ceci peut expliquer le caractère vindicatif et libérateur de ce livret remanié par le compositeur lui-même sur un ouvrage d’Antonio Anelli.

Première mondiale de la version originale de Matilde di Shabran de Rossini

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Gioachino Rossini (1792-1868) : Matilde di Shabran ossia Bellezza, e cuor di ferro, opéra semiseria en deux actes. Michele Angelini (Corradino), Sara Blanch (Matilde di Shabran), Shi Zong (Raimondo Lopez), Victoria Yarovaya (Edoardo Lopez), Emmanuel Franco (Aliprando), Giulio Mastrototaro (Isidoro), Lamia Beuque (Contessa d’Arco), Ricardo Seguel (Ginardo), Julian Henao Gonzalez (Egoldo/Rodrigo) ; Gorecki Chamber Choir ; Passionart Orchestra, direction José Miguel Pérez-Sierra. 2019. Notice (avec synopsis) en anglais et en allemand. Pas de livret. 197.26. Un coffret de 3 CD Naxos 8.660492-94.