Un violoniste pour la Journée des Nations Unies 

par
Frank Peter Zimmermann

Frank Peter Zimmermann

A l’occasion de la Journée des Nations Unies et pour marquer le quinzième anniversaire de l’adhésion de la Suisse à l’ONU, l’Orchestre de la Suisse Romande donne un concert spécial qui a la durée d’une heure. Il est placé, cette fois-ci, sous la baguette du jeune Matthias Pintscher, directeur musical de l’Ensemble Intercontemporain, depuis le début de la saison 2016-2017, chef principal du Festival de l’Orchestre du Festival de Lucerne et de celui de la BBC Ecossaise, depuis 2017, compositeur en résidence et artiste principal de la nouvelle salle de l’Elbphilharmonie de Hambourg.Son programme commence par la page la plus célèbre d’Alexandre Scriabine, le Poème de l’Extase op.54 (qui est aussi sa Quatrième Symphonie). Il en dégage un coloris translucide qu’irisent l’intervention de la flûte ponctuée par la harpe puis celle de la clarinette suivie du violon solo. Surgit la trompette (remarquable Stephen Jeandheur) qui pétrit ce magma sonore pour en étager les divers plans ; et l’extase promulguée par le titre se réalise dans la coda où les bois sautillants cèdent le pas devant la masse compacte constituée par les cuivres, l’orgue et le glockenspiel que zèbrent les cordes.
Puis paraît le violoniste Frank Peter Zimmermann, interprète magistral de l’une des œuvres majeures du répertoire, le Concerto en ré majeur op.61 de Beethoven. La cinquantaine passée, il ne cultive aucun effet de manche pour se mettre totalement au service de l’œuvre. Profitant du tempo rapide insufflé par la baguette de Matthias Pintscher, il joue lui aussi les interventions du tutti avant de livrer avec simplicité les formules en arpèges de son solo. En un piano limpide il recherche une ligne de chant qu’il laisse s’embuer de douces larmes ; il négocie ensuite, pour la cadenza, les passages en doubles cordes qu’il a l’art de faire chanter. Le Larghetto devient une page de musique de chambre que contrepointent les sonorités feutrées du solo. Et dans le Rondò final, l’air de ne pas y toucher, il joue de démanchés rapides pour enchaîner les traits dans une transparence qui vous laisse pantois. Le public ne s’y trompe en laissant éclater sa joie à laquelle répond affablement l’artiste en offrant à titre de bis un Prélude en sol mineur op.23 n.5 de Serge Rachmaninov, vraisemblablement transcrit par ses soins.
Paul-André Demierre
Genève, Victoria Hall, le 24 octobre 2017

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