Beethoven par Lorenzo Gatto et Benjamin Levy

par

Ludwig Van Beethoven (1770-1827)
Les Créatures de Prométhée, op. 43, Ouverture – Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 61 – Romances en sol et fa majeur, op. 40/50
Lorenzo Gatto, violon – Orchestre de chambre Pelléas, Benjamin Levy, direction
2014-DDD-63’10-Textes de présentation en anglais et français – Zig-Zag Territoires-ZZT354

Trois œuvres du compositeur viennois se rencontrent dans cette nouvelle parution : L’Ouverture des Créatures de Prométhée, une musique de ballet sur un argument de Salvatore Vigano, est créée à Vienne en 1801. Comme Egmont ou Coriolan, la forme lent-vif régit la structure de l’œuvre où se distinguent surprises rythmiques et harmoniques. Très courte, elle se conclut avec une énergie folle où les enchaînements dominante-tonique entrouvrent les portes du célèbre Concerto pour violon. Plus tardif, Beethoven l’écrit pour Franz Clement qui assura la création en 1806 au Theater an der Wien. Si la critique ne l’estimait pas à sa juste valeur à l’époque, les mentalités ont bien changé depuis lors. On y dénonçait entre autre un entassement d’idées sans véritable lien et surtout un manque de cohérence. C’est dans une période agitée (création de Fidélio et fiançailles secrètes) que se dessinent les trois mouvements du Concerto. Dense, complexe et pourtant d’un dramatisme extraordinaire, le premier mouvement (forme sonate) débute par une succession de coups de timbales, élément récurrent du mouvement face à un premier thème d’un dramatisme poignant. Le violon apparaît discrètement avec une ornementation riche qui tente d’approfondir la richesse de lignes mélodiques. Le deuxième mouvement, autour de sol, développe un travail sur la variation où le violon embrasse plusieurs formes d’arabesques et de motifs mélodiques en réponse aux cors. Le dernier mouvement, plus nerveux et amené par la fin du mouvement lent, se distingue des autres par ses motifs de danse, rythmiquement surprenants. Joie et énergie qualifient le caractère du thème, repris sous toutes les coutures. S’enchaîne alors un dialogue conséquent sous la forme d’une course entre le soliste et l’orchestre. Les deux Romances pour violon et orchestre concluent l’enregistrement. L’Opus 40, bien que publié en 1803, est certainement conçu vers les années 1798-1799. On y retrouve des couleurs de la nature, simples et expressives. C’est un Beethoven encore jeune, dont le langage parfois naïf évoque les couleurs des œuvres à venir. L’Opus 50 est écrit en 1802. A nouveau lent, la forme rondo semble régir l’œuvre. Le thème, poétique, découle sur un motif secondaire plus actif.
Lorenzo Gatto et Benjamin Levy nous offrent un Beethoven fidèle et efficace. Alors que les instruments d’époque sont à la mode, les artistes préfèrent la facture actuelle. Accompagnés du magnifique Orchestre de chambre Pelléas, on goûte une certaine fraîcheur et un style à la fois expressif et pourtant sobre. Quelques couleurs dans les transitions surprennent l’auditeur. Le violon de Lorenzo Gatto est toujours aussi assuré, expressif, délicat dont la franchise et l’honnêteté produisent une lecture juste et raffinée. La baguette de Benjamin Levy est clairement attentive et se compose d’une belle palette de couleurs et de dynamiques. Un beau duo dont le dialogue sensible est permis grâce à un effectif plus réduit, celui de la musique de chambre. A écouter !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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