La fraîcheur du jeu de Vilde Frang

par

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concertos pour violon n° 1 K. 207 et n° 5 K.219, Symphonie concertante K. 364
Vilde Frang (violon), Maxim Rysanov (alto), Arcangelo, Jonathan Cohen (direction)
2015-77’24-DDD-Textes de présentation en français, anglais, allemand-Warner
Après avoir livré des enregistrements très convaincants des concertos de Sibelius et Tchaikovsky ainsi que de la Sonate pour violon seul de Bartok, Vilde Frang nous revient dans un répertoire où on l’attendait peut-être moins, car pour son troisième disque de concertos chez Warner, elle s’attaque à Mozart, juge impitoyable s’il en est. Une fois de plus, c’est la fraîcheur du jeu de la jeune violoniste norvégienne qui conquiert dès la première écoute, ainsi que cette approche spontanée qui est la sienne dans toute musique. Frang nous offre ici un Mozart franc et direct qui surprendra peut-être ceux qui attendent de l’angélisme dans ce répertoire, mais qui n’est absolument pas dénué de subtilité, bien au contraire. En même temps, c’est une véritable bouffée d’air frais qu’offre cette jeune artiste dans une interprétation qu’elle marque de sa personnalité, et surtout de cette fraîcheur et de cette spontanéité que seule permet la parfaite maîtrise de la technique: ici, tant l’intonation, la conduite d’archet que la sonorité finement variée retiennent l’attention. S’y ajoute un tempérament généreux qui fait des merveilles dans des concertos où Frang nous fait entendre un Mozart charnu et si vivant. Si les deux concertos bénéficient l’un et l’autre de très belles interprétations, l’aisance, la facilité et le tempérament solaire de Vilde Frang font vraiment merveille dans le Concerto K. 207 en si mineur qu’elle joue avec un brio et une joie de vivre qui balaient tout devant eux. Dans la Symphonie concertante pour violon et alto K. 364 qui est certainement le sommet de l’oeuvre concertant pour cordes de Mozart, Frang trouve en Maxim Rysanov un partenaire tout à fait à la hauteur: dès la première entrée des solistes dans l’Allegro maestoso initial, l’entente et la complicité des deux partenaires est évidente. Le sublime Andante est superbement interprété, avec une vraie profondeur heureusement dénuée de lourdeur, et le Presto final brille de mille feux. Tout au long de l’enregistrement, le chef Jonathan Cohen et son orchestre de chambre Arcangelo offrent un accompagnement énergique et vivant, clairement influencé par la pratique « authentique », avec des phrasés souples et animés, ainsi qu’un minimum de vibrato (et sont-ce des cors naturels qu’il m’a semblé entendre?). Malheureusement l’enregistrement, s’il évite soigneusement de mettre le violon (et l’alto) trop en avant, donne de l’orchestre une image assez compacte.
Patrice Lieberman

Son 9 (solistes), 7 (orchestre)– Livret 9 – Répertoire 9 – Interprétation 9 

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