Le Haydn parfait de Jean-Efflam Bavouzet

par

(1732-1809) : Sonates pour piano N° 8 (Hob. XVI: 5), 46 (Hob. XVI: 31), 13 (Hob. XVI: 6), 57 (Hob. XVI: 47), 58 (Hob. XVI: 48). 2018 -DDD - 72’42 - Textes de présentation en anglais, allemand et français - Chandos 10998

Disons le tout de suite, ce disque -le septième de l’intégrale des sonates de Haydn entreprise par Jean-Efflam Bavouzet—  est une exceptionnelle réussite tant sur le plan des oeuvres proposées ici par le pianiste français avec cinq sonates composées sur près de 30 ans que sur celui de l’interprétation qui est un enchantement de bout en bout.

L’abondance même de l’oeuvre pianistique de Haydn comme  l’absence de véritables « tubes » du répertoire ou de sonates à nom suggestif ont de quoi dérouter le novice qui voudrait aborder ce massif de 62 opus, mais on ne trouvera pas de meilleur guide pour ce périple que Jean-Efflam Bavouzet qui nous offre ici un choix de cinq oeuvres s’étendant sur près de 30 ans,. Magnifiquement servi par un très beau Yamaha parfaitement réglé (aigus argentés, basses heureusement pas trop écrasantes), le pianiste offre des interprétations idéales de ce répertoire où Haydn regarde à la fois vers le passé baroque dans les trois premières sonates du disque (écriture à deux voix, fanfares et fusées à la Scarlatti, la marche en croches égales de l’Allegretto de la N° 46), incarne ensuite l’équilibre et l’élégance du classicisme comme dans le merveilleux Moderato qui ouvre la Sonate N° 57) et va ensuite jusqu’à adopter un ton de brusquerie et de rupture qui annonce nettement Beethoven, comme dans cette Sonate N° 58 dont l’Andante con espressione introductif présente de surprenantes alternances entre do majeur et mineur avant de se clôturer sur un do majeur solaire, alors que l’oeuvre -en deux mouvements- se conclut sur un irrésistible et obstiné Presto.

Bavouzet sert merveilleusement cette musique dont il a une intime et infaillible compréhension de l’invention jaillissante, de l’alternance de l’esprit de jeu et de sérieux comme de la profondeur sans lourdeur. Il déploie une technique superlative, une imagination sans faille (toutes les reprises sont jouées, et Bavouzet n’hésite pas à ajouter de temps en temps des ornements de son cru), un respect infini et une affection palpable pour cette merveilleuse musique.

Nous voici donc déjà arrivés au septième volume d’une intégrale qui fera certainement date, et qui bénéficie en outre de commentaires aussi savants qu’éclairants de Marc Vignal ainsi que d’une belle prise de son. Bref, un régal.

Son  10- Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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