Mahler instrumental par Semyon Bychkov 

par

Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°5 en do dièse mineur. Czech Philharmonic Orchestra, Semyon Bychkov. 2021. Livret en anglais. 71’44. Pentatone PTC 5187 021. 

Deuxième étape de l’intégrale des symphonies de Mahler par Semyon Bychkov au pupitre de la Philharmonie tchèque, cette parution conforte le très haut niveau de cette jeune  entreprise. 

Pour cette Symphonie n°5, il faut saluer le degré de finition instrumental et technique superlatif. Certes la phalange pragoise a perdu son identité esthétique d’Europe centrale, mais elle présente une plastique qui allie transparence et précision. Le collectif est moins massif qu’à Berlin et plus concentré qu’à Vienne, et il permet au chef d’imposer une lecture qui semble caresser une mécanique orchestrale magistrale. Si Mahler a pendant longtemps été un étalon de la qualité des pupitres (on se souvient des multiples parutions des années 1980/1990), même dans un contexte de raréfaction discographique, il reste une carte de visite incontournable, surtout ce Mahler “instrumental”.

Semyon Bychkov tente une lecture "consensuelle" qui allie la force dramatique et la lisibilité instrumentale. Le chef ne brasse pas la masse instrumentale mais garde une puissance des pupitres qui se parent d’une large palette de nuances. Certes, il y a une certaine retenue et les amoureux de lectures foncièrement humaines et brassées comme celles de Bernstein (DGG), Tennstedt (Warner), Svetlanov (Chant du monde), Gatti (Conifer/RCA)  ou Barbirolli (Warner) considèrent ce manque d’engagement comme une neutralité. Mais Bychkov sait soigner les détails et les nuances et sa lecture ne perd jamais de vue le déroulé dramaturgique et la caractérisation des différents mouvements, même s’il est moins en première ligne qu’avec d’autres chefs. On apprécie également la cohérence de l’interprétation qui ne connaît pas de baisse de régimes ou de contrastes trop grands entre les mouvements. 

La qualité de la prise de son est superlative, autant dans les tutti que dans les détails. L’esthétique sonore aérée mais jamais froide rend également justice à la vision du chef et à la prestation des musiciens.  Malgré une discographie aussi pléthorique, cette lecture s’impose comme la meilleure depuis les immenses réussites si contrastées de Riccardo Chailly à Amsterdam (DEcca) et Pierre Boulez à Vienne (DGG). 

Son : 10  Notice : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 10 

Pierre-Jean Tribot



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