Gustav Mahler par Semyon Bychkov 

par

Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°4 en sol majeur. Chen Reiss, soprano ; Czech Philharmonic, Semyon Bychkov. 2020. Livret en anglais. 56’49’’. PTC 5186. 

Avec cette Symphonie n°4, la Philharmonie tchèque de Prague amorce une nouvelle intégrale Mahler sous la direction de Semyon Bychkov, son directeur musical. 

Dans le panthéon des grands orchestres mahlériens historiques, la phalange pragoise a de solides arguments à faire valoir ! L’orchestre a donné la première mondiale de la Symphonie n°7 sous la direction du compositeur en 1908. Alors qu’elle pratique  son Mahler au disque depuis des décennies, depuis l’enregistrement de la Symphonie n°4 sous la baguette de Karel Šejna en 1950 (Supraphon), sans oublier les gravures légendaires de Karel Ancerl ou Vaclav Neumann (Supraphon), sans oublier les enregistrements des années 1990-2010 pour les labels japonais Canyon Classics et Exton, avec un large panel de chefs :  Václav Neumann, Zdeněk Mácal , Vladimir Ashkenazy, Eliahu Inbal ou Ken Ichiro Kobayashi. 

Pendant longtemps, comme tant de phalanges historiques d’Europe centrale, la Philharmonie tchèque présentait une sonorité typique avec un son à la fois velouré dans les cordes et fruités dans les bois. Force est de constater que l’internationalisation est passée par là, et à l’exception des cordes, les vents et les cuivres sonnent international sans le moindre particularisme. Il n’empêche que techniquement, l’orchestre est très affûté et d’un très haut niveau digne de son histoire de légende.  

Bien qu’il compte parmi les pointures de la baguette et présente une discographie conséquente, Semyon Bychkov n’a que peu pratiqué Mahler au studio (on pointe une Symphonie n°3 gravée lors de son mandat au WDR de Cologne) alors qu’en concert il est un mahlérien assidu. On se souvient ainsi d’une phénoménale Symphonie n°4 avec le BBC Symphony Orchestra aux Proms 2019. C’est peu dire qu’il connaît les moindres recoins de cette œuvre dont il rend tant la beauté plastique que le dramatisme. Virtuose de la baguette, il sait jouer sur les contrastes et les ruptures pour renforcer la force de sa baguette. Le “Ruhevoll, poco adagio” est ainsi sublimé par le soin apporté aux textures et par la finesse des traits instrumentaux. Chen Reiss impose un timbre moins cristallin que d’autres chanteuses, mais dont l’amplitude parfois grave s’adjoint parfaitement à la vision du chef. 

Une version qui prend place parmi les meilleures gravures récentes : Haitink dans un coffret du Philharmonique de Berlin (Berlin Phil) et Osmo Vänskä à Minneapolis (Bis) 

Son: 10 - Livret: 10 - Répertoire: 10 - Interprétation: 10

Pierre-Jean Tribot 

 

 

    

 

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