Ouverture du Festival Ars Musica 2018 à Bozar : un métissage de sonorités

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Le 9 novembre se déroulait à Bozar le concert d’ouverture du Festival Ars Musica 2018 qui se tiendra jusqu’au 2 décembre, avec de nombreux concerts donnés à différents endroits en Belgique avec “Inouïe”, pour thématique de cette édition.

Le chef Brad Lubman fait son entrée dans une Salle Henry Le Boeuf pour un programme fortement original et en forme de feu d’artifice. L’orchestre - en effectif réduit, notamment au niveau des cordes - débute par les “Orchestra Variations” du compositeur Américain multifacettes John Zorn (né en 1953). Avant-gardiste, il n'hésite pas à repousser les frontières pour créer son propre univers musical, et cela indépendant du style de musique: musique contemporaine, punk, metal, klezmer, jazz... tout est bon à explorer ! John Zorn sera d'ailleurs présent pour un concert à l'orgue le 23 mars prochain à Bozar.

Pierre Charial rejoint ensuite l'orchestre pour nous livrer sa version du “Concerto pour orgue de barbarie et orchestre” (1988) de Marius Constant, brillant chef d’orchestre et compositeur, malheureusement trop oublié. Le deuxième mouvement, intitulé “Beethoven aussi”, fait l’effet d’un clin d’oeil humoristique, totalement en contraste avec les deux autres mouvements. L’orgue de barbarie n’offre hélas pas de grandes possibilités interprétatives (bien que la vitesse de tourne de la manivelle peut entraîner des changements de tempi, la nuance, elle, reste toujours identique), ce qui peut néanmoins lui donner un certain charme.

Après la pause, c’est au tour de Carolina Eyck de nous offrir la première mondiale de “Dancefloor With Pulsing”, une oeuvre pour thérémine et orchestre commandée spécialement pour l’occasion au Français Régis Campo. Inventé en 1919 par le physicien russe Leon Theremin, cet instrument électronique, dont le répertoire est à l’heure actuelle encore assez limité, est le seul instrument joué sans aucun contact physique. La main droit contrôlant la hauteur de la note et la main gauche gérant le volume ainsi que les dynamiques, articulations et phrasés, c’est à une véritable chorégraphie dans les airs que s’est livrée Carolina Eyck, accompagnée par les musiciens du Brussels Philharmonic. Une oeuvre et une prestation vivement saluée par le public, très enthousiaste, qui applaudit également le compositeur présent dans la salle.

Le concert se clôture en beauté avec deux oeuvres pour orchestre du très expérimental Frank Zappa : “Envelopes” (1981) et “Pedro’s Dowry” (1975-1983), oeuvre qui explore de nombreuses couleurs, avec notamment la présence d’une batterie dans l’orchestre.

Le choix et l’agencement du programme était judicieux et pour le moins intéressant, car cela a permis de mettre à la suite des pièces et sonorités assez contrastées (notamment l’orgue de barbarie et le thérémine, qui diffèrent grandement de part leur époque et leur timbre qui se mêle de manière unique à l’orchestre), tout en formant un tout cohérent.

Bozar, le 9 novembre 2018.

Estelle Lucas (Reporter IMEP)

Crédit photographique : Stéphanie Berger

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