Simon Boccanegra à Marseille : un baryton à découvrir

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Un grand chanteur à la carrière internationale devient-il automatiquement un grand metteur en scène ? Pas nécessairemennt mais on peut au moins supposer qu’il respectera la musique et les besoins des chanteurs. Ce qui n’est déjà pas trop mal de nos jours !
Pour Leo Nucci, le metteur en scène de Simon Boccanegra à Marseille (avec la collaboration artistique de Salvo Piro), c’est Verdi qui a conçu la mise en scène, qui a pensé à tout, par ses choix musicaux, ses pauses, ses notes, ses accents, son texte. Les décors assez simples mais évocateurs (présence de la mer) de Carlo Centolavigna et les costumes chatoyants d’Artemio Clabassi évoquent la Gênes du 16e siècle et l’histoire est fidèlement racontée au fil un spectacle classique mais assez académique. C’est aux interprètes de donner vie à ce drame intime et à son contexte politique.

Ils n’y arrivent pas tous avec le même bonheur que Juan Jesus Rodriguez qui nous offre un Simon absolument remarquable. De belle stature et acteur engagé, il propose un homme courageux mais humble, aimant mais torturé, un père dont la souffrance se mue en bonheur et clémence, un politicien qui appelle à la paix et la harmonie, d’une voix de baryton riche et volumineuse, bien projetée, qui ravit dans ses nuances, demi-teintes et piani. Avec lui, l’agonie de Boccanegra est un vrai moment de grande émotion. Un nom à retenir.

A ses côtés, le Fiesco de Nicolas Courjal est un peu raide et il manque de personnalité mais pas de voix : une belle basse et une noble ligne de chant.  Riccardo Massi confère impétuosité et ardeur à Gabriele Adorno qu’il gratifie de son ténor souple et son chant élégant. L’Amelia de la soprano russe Olesya Golovneva est moins convaincante malgré un engagement crédible mais sa voix assez dure se plie mal aux exigences vocales du rôle et son air d’entrée est déjà dénué de toute poésie. Impressionnante prestation vocale et scénique d’Alexandre Duhamel dans le rôle de Paolo, échangeant ses regards coupables avec Pietro (Cyril Rovery). Les chœurs de l’Opéra de Marseille participent activement à l’action et offrent un chant homogène et engagé d’une belle tenue et d’une agréable sonorité. Paolo Arrivabeni dirige cette merveilleuse partition de Verdi avec élégance et fermeté et l’orchestre le suit fidèlement, déployant une riche sonorité et une belle discipline.

Erna Metdepenninghen

Marseille, Opéra, le 9 octobre 2018

Crédits Photographiques © Christian Dresse

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