Un trop ignoré Dussek entre Mozart et Beethoven

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Jan Ladislav Dussek (1760-1812) : Concerto pour deux pianos en si bémol majeur, op. 63 ; Quintette pour piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse en fa mineur, op. 41 ; Notturno concertant en mi bémol majeur, op.68. Olga Pashchenko, Alexei Lubimov, fortepianos - Finnish Baroque Orchestra.  DDD-2018-Notice en allemand, anglais et français. 86'57". Alpha-Classics, Alpha 416

Jan Ladislav Dussek, de son nom de baptême Jan Václav Dusík et parfois orthographié Dusschek ou Düssek, est né en Bohême entre Prague et Vienne quatre ans après Mozart et dix ans avant Beethoven. Les pianistes amateurs se rappellent de son Adieu, un Andante de moyenne difficulté. Dussek est pourtant le compositeur d'un important corpus de sonates ; on en répertorie vingt-neuf dont l'ample Retour à Paris dans l'édition en quatre volumes de Musica Antiqua Bohemica. La liste de ses concertos n'est pas moins impressionnante : dix-huit concertos connus aujourd'hui dont celui pour deux pianos qui nous intéresse ici, une configuration rare dans cette fin du XVIIIe et début du XIXe, exception faite de Mozart. 

Composée en 1805-1806 (Beethoven écrit son quatrième concerto à la même période), c'est une oeuvre de grande dimension pendant plus de trente-cinq minutes dont un larghetto sostenuto d'une dizaine de minutes ; le manque de richesses harmoniques et de profondeur émotionnelle par rapport au concerto de Mozart reste cependant très marqué.

Le quintette avec piano de 1799 est plus séduisant, en particulier par son rondo d'une mélodie mélancolique variée durant tout le mouvement. Comme chez Schubert et Hummel, il n'utilise pas le quatuor à cordes mais la contrebasse à la place du second violon.

L'important notturno pour piano et orchestre est la surprise de cette compilation ; un long andante qui dialogue entre le pianoforte, le violon et le cor pendant près d'un quart d'heure, précède un court tempo di minuetto.

Les pianofortes sont des copies, l'un d'un Walter viennois, l'autre d'un Longman Clementi anglais. Sans s'épancher trop, Olga Pashchenko et Alexei Lubimov nous donnent une interprétation élégante de ces oeuvres de transition, sortes de missing link entre le classicisme d'un Mozart et le romantisme de Chopin. Les deux solistes sont accompagnés par un orchestre baroque finlandais dynamique aux accords parfois bien affûtés.

Ces deux world premiere recordings on period instruments d'un répertoire malheureusement trop ignoré et un minutage très généreux nous offrent la garantie d'une belle découverte !

Jean-Marie André

Son 10 – Livret 8 – Répertoire 8 – Interprétation 9

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