Luc Bondy s'en est allé
Luc Bondy vient de quitter, à 67 ans, une vie qu'il a généreusement habitée.
Les familiers de La Monnaie garderont les souvenirs de Cosi fan tutte, des oeuvres de Philippe Boesmans, ... Les amateurs d'opéra en cultiveront d'autres et les fidèles des théâtres ne seront pas en reste.
Luc Bondy est le fils de François Bondy (1915-2003) qui, élève du lycée de Nice vers 1930, y devient un des amis de Romain Gary, et le petit-fils de Fritz Bondy (1888-1980), alias « N. O. Scarpi », écrivain et cinéaste suisse originaire de Prague. Il passe une partie de son enfance et de son adolescence en France, à Paris où il suit l'enseignement de Jacques Lecoq.
Il s'installe en 1969 à Hambourg et y monte plusieurs pièces (Ionesco, Shakespeare, Goethe, Genet,...) puis, de 1974 à 1976, il travaille à la Städtische Bühne -théâtre municipal- de Francfort. À partir de 1981, on le retrouve à Cologne où il présente notamment Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz, Oh les beaux jours de Becket et Macbeth de Shakespeare, en 1982. De 1985 à 1987, il est codirecteur, avec les dramaturges Diter Sturm et Christoph Leimbacher, de la Schaubühne de Berlin où il succède à Peter Stein.
En 1994, il est élu membre de l'Académie des Arts de Berlin et, à partir de 1997, il enseigne la mise en scène au séminaire Max Reinhardt.
Il rencontre le succès dans toute l'Europe, tant au théâtre qu'à l'opéra, et dirigera, de 2002 à 2013, les Wiener Festwoche (Austriche).
A la direction du Théâtre de l'Odéon (Paris) depuis 2012, il monte, dès sa première saison, Les Beaux Jours d'Aranguez de Peter Handke et Le Retour d'Harold Pinter.
On le savait malade mais chacun voulait croire qu'il ne s'agissait que d'une parenthèse.