A Genève, un magnifique Orchestre du Concertgebouw 

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Dans le cadre de sa 74e saison, le Service Culturel Migros invite une formation prestigieuse, le Royal Concertgebouw Orchestra, à venir en Suisse pour trois concerts à Berne, Zürich et Genève.

Sous la direction de l’un de ses chefs invités régulièrement, Daniel Harding, ce magnifique ensemble affiche d’emblée cette onctuosité des cordes et cette ampleur de phrasé dans l’introduction du Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op.77 de Johannes Brahms qui a pour soliste le violoniste grec Leonidas Kavakos. Ses premières interventions produisent un son serré qui manque d’ampleur dans le cantabile mais qui se corse progressivement avec quelques traits à l’arraché contrastant avec des pianissimi presque imperceptibles. La cadenza rédigée par Joseph Joachim fait chanter les doubles cordes et les portamenti avant de céder la place à un solo de hautbois admirable qui expose le thème de l’Adagio. Le violon se confine dans un ton méditatif qui s’assombrira d’inflexions tragiques que le Final édulcorera avec cette effervescence tzigane requérant du soliste une virtuosité échevelée que les cuivres auraient tendance à couvrir. En bis, Leonidas Kavakos propose un Bach insolite qui recherche l’épure totale.

En seconde partie, Daniel Harding propose la célèbre Symphonie Pastorale de Beethoven qui n’est que fluidité des lignes agrémentée de bois émoustillants. La progression du discours s’effectue par paliers qui ménagent les contrastes en usant du rallentando pour valoriser le détail de l’écriture. La Scène au bord du ruisseau est un pastel en fines touches se diluant langoureusement, avant qu’un staccato rapide n’évoque la Réunion de paysans que railleront les cors cinglants. Les hautbois s’attaquent à un ländler grotesque dont se moquent les bassons. Brusquement tout s’efface mystérieusement, alors que vient à éclater l’Orage, qui tient du morceau d’anthologie, tant la qualité des pupitres est effarante. Et le Final fait émerger cet hymne de reconnaissance qui enveloppe les élans agrestes d’un legato souverain, sans amenuiser les oppositions de coloris. A tout rompre, le public enthousiasmé applaudit l’orchestre, le hautbois, le premier cor que présente le chef qui finit par accepter les ovations que lui décernent tant ses musiciens que les spectateurs. En résumé, un concert de grande qualité !

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 16 novembre 2022

Crédits photographiques : DR

 

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