Choc des contraires à Cleveland 

par

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°27 en si bémol majeur (K. 595) ; Symphonie n°29 en la majeur, KV 201/186a. Garrick Ohlsson, piano ; Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst. 2023 et 2024. Cleveland Orchestra.  TCO0015

Julius Eastman (1940-1990) Symphonie n°2, “The Faithful Friend: The Lover Friend’s Love for the Beloved” ; Pyotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1993) Symphony n°2 en ut mineur, Op. 17. Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst. 2023. TCO0014

Dans le cadre des développements de son label numérique, le Cleveland Orchestra nous propose deux parutions sous la direction de son Directeur musical Franz Welser-Möst.

On commence avec un album Mozart de qualité. Le pianiste américain Garrick Ohlsson est le soliste du Concerto n°27 de Mozart. On ne présente plus de grand musicien new-yorkais, véritable star aux USA, en particulier dans sa ville natale où ses apparitions au Carnegie Hall sont des évènements. Parfaitement raccord avec Franz Welser-Möst, il déroule un Mozart racé et élégant. Pas d’effets de manche ou d’effets de brutalité dans une conduite des tempi très classique avec un accompagnement qui laisse libre cours à la qualité du jeu. C’est du Mozart tiré au cordeau, agréable à l’oreille, mais qui peut paraître un peu timide. Cela étant, on peut aussi considérer ce Mozart comme un parangon de probité. 

La Symphonie n°29 qui suit est toute aussi classieuse dans son approche. On est loin du Mozart des néo-baroqueux ulcérant par sa rapidité échevelée et épuisant par des accents brutaux portés par des tempi délirants. Tout est en élégance avec une approche plutôt radiographique de la matière instrumentale. Rompu à Mozart depuis les années George Szell, le Cleveland Orchestra sonne avec large variété de nuances mais avec cet aspect un peu mat et granitique qui sert de support parfait à la lecture cérébrale de son directeur musical.        

Une autre parution propose un étrange couplage entre la Symphonie n°2 du compositeur Julius Eastman et la Symphonie n°2 de Tchaïkovski. C’est le grand saut entre les atmosphères éthérées, minimales et planantes de l’Afro-américain et la musique hyper-narrative de pétaradante du Russe. Il n'y a pas tant de choses à dire de la Symphonie n°2 “The Faithful Friend: The Lover Friend's Love for the Beloved”, composée en  (1983) par Julius Eastman. Les longs aplats instrumentaux, portés par l’ondoiement des cordes, composent une beauté froide et distante d'une abstraction lyrique. Franz Welser-Möst, soigne la minéralité brute et la force intrinsèque mais sans trop étirer le temps musical ce qui évite l'ennui. Cette interprétation surclasse largement celle du BBC Symphony Orchestra sous la direction de Dalia Stasevska qui romantisait le propos à l'excès. On se passe volontiers de la lecture probe mais bien trop rigide de la Symphonie n°2 “Petite-russienne” de Tchaïkovski qui manque de fantaisie et de folie. C’est certes mené sans la moindre faute de goût, mais cette musique a besoin d’être un peu secouée pour se détacher. 

Note globale : Mozart : 9 - Eastman / Tchaïkovski  : 6    

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