Face à face : Franz Welser-Möst et Gianandrea Noseda dirigent Prokofiev

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Serge Prokofiev (1881-1953) : Symphonie en do majeur, opus 112 (1947). London Symphony Orchestra, direction :  Gianandrea Noseda. 2023. Livret en français, anglais et allemand. 38’30””. LSO0396 

Serge Prokofiev (1881-1953) : Symphonie en do majeur, opus 112 (1947). The Cleveland Orchestra, direction : Franz Welser-Möst. 2025. Livret en anglais. 40’02’’. Cleveland Orchestra.  TCO0016      

Par un amusant concours de circonstances, nous recevons à quelques semaines d'intervalle deux versions de la Symphonie  n°4 de Prokofiev dans le cadre de deux intégrales en cours des symphonies du compositeur russe. D'un côté le London Symphony Orchestra sous la direction de Gianandrea Noseda et de l'autre le Cleveland Orchestra dirigé par Franz Welser-Möst.  C'est d'autant plus intéressant que dans ces deux cas il s'agit de la version révisée de 1947 et non la version originale de cette symphonie, composée en 1930. Dans les deux cas, il s'agit de deux parutions exclusivement digitales.  

La Symphonie n°4 n'est pas, et de loin, l'œuvre la plus populaire de son compositeur et en dehors des intégrales, elle n'est quasiment pas enregistrée et encore moins programmée. Il faut dire que si l'œuvre ne démérite pas,  elle n'a pas l'impact de séduction immédiat d'autres partitions de Prokofiev.  Pourtant elle présente comme toujours avec ce compositeur une grande qualité d'écriture et surtout une science de l'orchestration particulièrement affûtée à l'image de la motorique du premier mouvement ou de la finesse des dialogues des bois dans le troisième mouvement suggérant un geste chorégraphié. C'est indubitablement une œuvre de chef qui doit mettre qui doit utiliser toutes ses ressources pour transcender cette partition. 

Franz Welser-Möst poursuit une intégrale amorcée en 2020 et dont il ne manquera plus que les Symphonies n°1 et n°7. Le chef autrichien ne semble absolument pas à son affaire et étranger au style, C’est linéaire et droit malgré le brio d’un orchestre qui tourne en mécanique automatique. Plutôt lent dans ses tempi, le maestro ne parvient pas à jouer tant avec l'acidité que l'ironie et le mordant de cette musique.  

De son côté, Gianandrea Noseda  s’avère beaucoup plus impactant. Il prend la partition à bras le corps imposant une tension et une énergie inhérente dès le premier mouvement. Le London Symphony Orchestra est évidemment particulièrement à son affaire avec son abrasivité et ses dynamiques telluriques. Le chef d'orchestre cravache un peu le matériau mais il essore la partition pour en rendre la meilleure pression.  Tout au long de la partition,  sa direction est passionnante et engagée avec un LSO en parade. Il reste au chef italien à affronter les Symphonies n°2 et n°7, mais cette intégrale,  débutée timidement en 2023, semble arriver à un rythme de croisière intéressant.  

Note : 5 (The Cleveland Orchestra / Franz Welser-Möst) et 9 ( London Symphony Orchestra /   Gianandrea Noseda)

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