Un bel exemple de l'art du Metropolitan Opera

par

Gaetano DONIZETTI (1797-1848)
Maria Stuarda
J.DIDONATO (Maria Stuarda), E.VAN DEN HEEVER (Elisabetta), M.POLENZANI (Leicester), M.ROSE (Talbot), J.HOPKINS (Cecil), M.ZIFCHAK (Anna), The Metropolitan Opera Orchestra and Chorus, dir.: Maurizio BENINI, Mise en scène : David McVICAR
2014-142'-Notice en anglais et en français-chanté en italien-Sous-titres en anglais, français, allemand, italien et espagnol-pas de bonus-1 DVD Erato 2564 63203 5
Le MET opte pour la version en deux actes de cet opéra majeur de Donizetti. Costumes d'époque somptueux, décors sobres et évocateurs, mise en scène convenue mais excellente direction d'acteurs. Elle se révèle remarquable dans les nombreux duos qui émaillent la partition et qui, grâce à elle, soutiennent bien l'attention. Chaque personnage est creusé, fouillé, même dans les grands ensembles, menés avec énergie. Et les scènes mettant les deux reines face à leur destin, seules ou l'une en face de l'autre (finale I) possèdent tout le dramatisme requis. Voilà donc une production scénique sans modernisme aucun certes, mais parfaitement efficace. Une petite remarque scénique : Elisabetta a peu d'allure royale, et aurait pu suivre quelques leçons de maintien. Mais cela est peu de choses. Vocalement, la barre est mise très haut, ce qui est essentiel pour ce modèle de bel canto qu'est cet opéra d'un Donizetti à l'apogée de son talent (1835). Il ne faut plus présenter Joyce DiDonato, diva assoluta de notre temps. Tout semble naturel chez la mezzo américaine, tant un legato superbe qu'une présence dramatique hors pair. Son apparition finale, vieillie et tremblotante, est saisissante. L'Elisabetta de la soprano sud-africaine Elza van den Heever procure pareil enchantement vocal, avec des aigus rayonnants et un beau sens de la vocalise. Pas trop bien attifée et malgré un maquillage trop blafard, la souveraine d'Angleterre en impose. Rôle souvent sacrifié, le comte de Leicester a trouvé un excellent interprète en Matthew Polenzani, fort joli ténor lyrique, peu puissant sans doute mais merveilleusement chantant, dès son tout premier duo. Il joue bien plus que les utilités et rend du Comte aimé de deux reines une image plus qu'attachante. Le Talbot humain de Rose (le rôle est en or), le Cecil un rien effacé de Hopkins et l'impeccable Anna de Zifchak complètent la galerie haute en couleur de ce parangon d'opéra romantique italien. Prenant la partition à bras le corps, Maurizio Benini galvanise à l'envi ses troupes métropolitaines : si sa direction soutient à merveille les chanteurs solistes, elle se révèle surtout remarquable durant les deux grandioses scènes finales, qu'il mène à l'incandescence sans effort apparent, bravo. En conclusion : une production équilibrée et quasi idéale dans une optique traditionnelle.
Bruno Peeters

Les commentaires sont clos.