Benoît Delbecq et Steve Argüelles habillent une radio imaginaire

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Apophonix. Benoit Delbecq (1966-), Steve Argüelles (1963-). Christophe ‘Disco’ Mink ; Nicolas Becker ; Lutosławski Quartet. 42’11" – 2022 – Livret : anglais. Signature. SIG 11120. 

Atmosonix. Benoit Delbecq (1966-), Steve Argüelles (1963-). Christophe ‘Disco’ Mink ; Nicolas Becker ; Lutosławski Quartet, Lucy Railton. 39’23" – 2023 – Livret : anglais. Signature. SIG 11123. 

Ces deux disques, sortis à quelques mois d’intervalle aux éditions Radio France, qui inaugure ainsi sa nouvelle série Radiophonie, rassemblent, autour de Benoît Delbecq et Steve Argüelles, deux vieilles connaissances qui créent The Recyclers (qui accompagne notamment Katerine ou Ignatus) et œuvrent ensemble dès 1993 au sein du groupe Hask (ou plus récemment dans les projets Ambitronix et Manasonics, plus électroniques et expérimentaux, et dans le collectif Bureau du Son, couplé au label dStream), Christophe Minck, multi-instrumentiste, musicien de studio, compositeur de musique de films et de spectacles vivants -par ailleurs habilleur sonore de France Inter- et Nicolas Becker, compositeur pour le cinéma et designer sonore.

Benoît Delbecq, grandi à Bougival, formé à la musique écrite et au jazz, compositeur, pianiste, producteur de musiques acoustiques, fréquente la scène jazz depuis les années 1990, assis devant un piano préparé avec gomme et bois, dessinant ses partitions de calligrammes et autres dérivés d’une pensée pragmatico-mathématique, multipliant projets, investissements et participations. Steve Argüelles, anglais éduqué à Birmingham et vivant à Paris, joue de la batterie depuis l’âge de 16 ans, s’immerge dans la scène jazz contemporaine avec Loose Tubes et compose autant qu’il peaufine peu à peu son jeu, innovant. Le Lutosławski Quartet, fondé en Pologne en 2007, complète la palette sonore du duo, souvent avec discrétion, parfois plus à l’avant-plan (Morphology).

La double vingtaine de pièces présentées sur ces albums privilégie la forme courte - voire très courte, pour Zone, ou Parole, qui durent quelques secondes-, chacune développant, sans s’étirer ou tourner en rond, une idée, un motif rythmique, une texture sonore, parfois élémentaire, parfois faussement simple, aux subtilités en multicouches (Loophole) -dans un autre registre et la dérision en moins, on penserait au Commercial Album des Residents, dont chacun morceau dure précisément une minute : un exercice de style pataphysicien (« la pataphysique est à la métaphysique ce que la métaphysique est à la physique »), une collection de quarante chansons (ou jingles) publicitaires.

Les deux disques partagent, autour du duo, un mix d’esthétiques jazz, électronique, contemporaine, un brin expérimentale : le trempage jazz est plus prononcé dans Apophonix et j’ai une préférence pour la versatilité plus inventive d‘Atmosonix ; reste qu’on sort de l’écoute de ces deux opus avec la bizarre impression d’avoir écouté une radio sans animateur ni voix (ce qui ferait un grand bien à certaines), aux habillages sonores de qualité mais perdue dans l’éther et orpheline de contenu.

Son : 8 – Livret : 1 – Répertoire : 6 – Interprétation : 7

Bernard Vincken

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