Callas-Paris 1958, film- document, en salle les 2 et 3 décembre

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Lorsque Maria Callas fait ses débuts à l’Opéra de Paris, elle a 35 ans. Elle est à son zénith physique et vocal. Pourtant la vulnérabilité affleure déjà.

Ce concert mythique du 19 décembre 1958 est présenté aujourd’hui pour la première fois en entier et en couleurs -plus de 250 000 images retravaillées une à une- avec un son 4K format numérique haute définition. La fusion de sources multiples, certaines anciennes, d’autres plus récentes, avec la retransmission en eurovision, donne l’impression de participer soi-même à l’événement. Car il s’agit bien d’un évènement et à plus d’un titre. Mondain, artistique et personnel, l’enjeu électrisant est rendu palpable tout au long de ce quasi-opéra en deux actes.

Après la montée des marches du Palais Garnier par le « tout Paris » en guise d’ ouverture, le premier offre des extraits de Norma, du Trouvère et du Barbier de Séville puis le second, l’acte II de Tosca mis en scène avec des partenaires d’élite, Tito Gobbi, Jacques Mars et Albert Lance notamment tandis que les Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Paris sont dirigés par Georges Sebastian.

La présentation de la soirée dans son intégralité et dans sa continuité permet d’abord d’en ressentir la dynamique parfaitement agencée culminant avec l’acte 2 de Tosca tendu comme un arc.

La colorisation quant à elle met en évidence la suprême maîtrise de la « mise en scène » et de la stylisation gestuelle de la cantatrice. Ainsi de la longue robe rouge dont le tapis, en milieu de plateau, exactement de la même couleur, semble la traîne infinie.

Si les choristes paraissent à peine moins blafards que sur les extraits en noir et blanc et si l’impression générale de cette première partie reste la même -un peu guindée- , la colorisation présente l’intérêt de sublimer les gros plans, tous plus beaux les uns que les autres, et d’apprécier la pulsion dramatique en action.

Toutefois, à force de scruter sous toutes les coutures cette femme/sphinx, si lointaine, hypnotique, toute entière absorbée dans l’intensité de son propre chant, nous restons bredouilles... une fois de plus.

Car dans ces immenses yeux noirs qui ne voyaient que le flou reste -encore et toujours- l’énigme du génie tel un miroir qui renvoie inlassablement au spectateur sa propre interrogation : d’où vient le charisme, l’art, la dimension légendaire ?

Seule l’extrême tension de Tosca permet de le ressentir à défaut de l’expliquer. C’est suffisant pour saluer cette reconstitution respectueuse et soignée réalisée par Tom Volf, déjà auteur et coproducteur de Maria by Callas et qui paraîtra en salle les 2 et 3 décembre prochains pour le centenaire de la naissance de la diva.

Bénédicte Palaux Simonnet

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