Chefs d’oeuvres concertants par Judith Jáuregui et Josu De Solaun

par

Homeland. Edvard Grieg (1843-1907) : Concerto pour piano en la mineur, Op.16 ; Manuel de Falla (1876-1846) : Noches en los jardines de España. Judith Jáuregui, piano ; Orquesta Sinfónica de Castilla y León, direction Kaspar Zehnder.  2023. Livret en anglais et espagnol. Eudora-SACD-2405. 

Totentanz. Richard Strauss (1864-1949) : Burlesque pour piano et orchestre en ré mineur TrV 145 ; Franz Liszt (1811-1886) : Concerto pour piano nᵒ 1 en mi bémol majeur S. 124 : Concerto pour piano n°2 en la majeur, S.125 ; Totentanz S.126 : paraphrase über Dies Irae.  Josu De Solaun, piano ; Moravian Philharmonic, direction : Jonathan Pasternack. 2021. Livret espagnol et anglais. Aria 016.

Deux artistes espagnols nous proposent des interprétations des grands concertos du répertoire avec à chaque fois des lectures de grande qualité mais aussi personnelles. 

Nous débutons cette chronique avec l'évocation de  Judith Jáuregui qui met en miroir, sous le titre “Homeland”, le Concerto de Grieg avec les Nuits dans les jardins d’Espagne de son compatriote Manuel de Falla. Le couplage est, sauf erreur, inusité, certes interpellant par son contraste de climats et de tons, mais pertinent (sans parler du fait qu’il évite la tarte à crème qu’est le couplage avec le Concerto de Schumann, concept éditorial usé jusqu’à la corde) pour livrer une réflexion sur le lien entre les compositeurs et leurs pays : Grieg et de Falla étant la personnification de la naissance d’un courant national dans leurs deux nations respectives. 

Dans ses interprétations,  Judith Jáuregui se veut introspective, avec un geste plutôt lent et creusé. Grieg est plus méditatif et sombre que parcouru d’un souffle romantique alors que les Nuits dans les jardins d’Espagne sont vénéneuses et traversées d’ombres fantomatiques, presque tragiques ; point de pittoresque folklorisant de cartes postales dans cette gravure singulière. La transversalité est grave avec un jeu assuré et un contrôle parfait des dynamiques et des nuances et saluons aussi le soin apporté aux détails avec une lisibilité parfaite dans les deux partitions.  L’Orquesta Sinfónica de Castilla y León, très bien dirigé par  Kaspar Zehnder, est un partenaire attentif qui s’accorde parfaitement à la soliste. La discographie dans ces deux œuvres est pléthorique mais la pianiste, en particulier dans de Falla, fait de cet album une lecture qui compte. La prise de son est une très grande réussite avec un équilibre parfait du piano et de l’orchestre et une richesse de timbres.  

Du côté de Josu de Solaun, c’est le retour au grand piano virtuose et romantique avec la pétaradante Burlesque de Strauss et les grandes partitions concertantes de Franz Liszt. Le pianiste assure d’emblée par une technique parfaite et une force de toucher impactante qui lui permettent de de faire briller ces partitions avec le panache requis. Mais Josu de Solaun évite le clinquant et le facile avec un sens parfait de la construction et des effets.  Assez compact et un peu rapide de fini technique, le Philharmonique de Moravie est un solide partenaire qui se place à l’écoute du soliste sans jamais le couvrir sous la direction compétente de probe de Jonathan Pasternack. Dans ce cas encore, la discographie est bardée de références, mais la proposition est intéressante et digne de grand intérêt. 

Dans tous les cas, deux enregistrements séduisants qui affirment deux artistes de haut vol que l’on ne connaît que trop peu dans nos contrées du nord de l’Europe. 

Judith Jáuregui Son : 10    Notice : 9    Répertoire : 10    Interprétation : 9/10

Josu de Solaun : Son : 9    Notice : 9    Répertoire : 10    Interprétation : 9

Chronique réalisée sur base de l'édition SACD pour Homeland.

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