Diversité d’expression du Béjart Ballet Lausanne 

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Swan Song © GM Press

Dans son nouveau programme, la compagnie établit un lien entre le passé toujours vivant et le présent, en consacrant une première partie à deux créations, Corps-circuit de Julio Arozarena, son maître de ballet, et Swan Song de Giorgio Madia, ex-danseur du Ballet du XXe siècle ; la seconde reprend Anima Blues de Gil Roman, le directeur actuel, et le célébrissime Boléro selon Maurice Béjart.
Sur un poème de Joaquin Sabina et un arrangement musical incluant des pages de Gonzalo Rubalcaba et du groupe Citypercussion, le lever de rideau étudie le rapport du corps avec l’environnement en faisant évoluer onze danseurs en quête d’identité, sans convaincre pleinement le spectateur qui reste à la surface du propos. Par contre, beaucoup plus émouvant se révèle Swansong ; car les paroles mêmes de Maurice Béjart tirées des Rêves en mouvement ponctuent une partition constituée par deux pages pour piano de Bach, une d’Oscar Peterson, une de Stéphane Wrembel. A cinquante-cinq ans, Gil Roman en est le soliste face à son corps de ballet ; et la fusion s’établit selon une chorégraphie qui veut rendre hommage au maître en mettant en lumière réminiscences et acquis.
Quant à Anima Blues, son concepteur l’avait présenté à l’Opéra de Lausanne en février 2013. Sur une composition de Citypercussion, paraissent six hommes qui assument leur féminité en portant jupes ou robes face à leurs compagnes qui manient avec adresse affirmation de soi et séduction ; effarés, ils contemplent une Audrey Hepburn, renaissant sous les traits de la danseuse Kateryna Shalkina, mais insaisissable comme tous les mythes de l’écran. Et la soirée s’achève avec le Boléro, toujours aussi fascinant alors que la création a eu lieu à La Monnaie en janvier 1961. N’importe qui a gardé en mémoire l’image de Jorge Donn et de Maya Plisteskaya ; ici, au fil des représentations, Julien Favreau alterne avec Elisabet Ros que l’on voit ce soir, envoûtante salamandre ensorcelant autant les dix-huit garçons qui assiègent la table-estrade que le public qui crie son enthousiasme.
Paul-André Demierre
Lausanne, Théâtre de Beaulieu, le 11 juin 2016

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