La richesse du septuor de cuivres

par

Dmitri Chostakovitch
(1906-1975)
Quatuor n°8, op.110
Serguey Prokofiev
(1891-1953)
Suite (d'après Dix pièces pour piano, op.12), Marche de l'Amour des trois oranges op.33ter Alexander Scriabine
(1872-1915)
Six préludes
Serguey Rachmaninov
(1873-1943)
Vocalise, op.34 n°14, Six morceaux, op.11 (extraits). Arrangements pour septuor de cuivres : M. Knight et S. Cox
Septura
2015 – DDD – 65'53'' – Livret en Anglais – Naxos 8.573475

Alors que l'on parle aujourd'hui d'une « internationalisation » de la musique, certaines écoles instrumentales demeurent typiques de leur pays. Ainsi celle des cuivres britanniques, si caractéristique avec une sonorité ronde et un legato soigné. L'ensemble Septura rassemble des musiciens qui comptent parmi les plus beaux fleurons de cette école : solistes dans des orchestres britanniques renommés, ils forment par ailleurs un ensemble « freelance ». Composé de trois trompettistes, trois trombonistes et un tubiste, Septura en est à son troisième disque publié chez Naxos. Celui-ci est dédié à la musique russe et soviétique du 20e siècle, à travers une série d'arrangements réalisés par les musiciens eux-mêmes. Le 8e quatuor à cordes de Chostakovich, comme l'explique le livret, se prête particulièrement bien à ce travail de transcription, car son matériau thématique est lui-même issu d'autres œuvres du compositeur : symphonies, trio... Mais surtout, l'écriture en est tellement maîtrisée que, malgré le changement de timbres, ce quatuor ne perd rien de sa saisissante efficacité. Tout au plus les contraintes instrumentales occasionnent-elles des tempi plus lents que dans la version originale pour cordes, une licence aisément pardonnable au vu de la richesse sonore qu'y gagnent certains passages. La musique pour piano de Prokofiev acquiert elle aussi une dimension supplémentaire à travers la transcription, comme le prouve la petite Suite, sélection de miniatures dansantes d'une ironie jouissive. Ici les sept interprètes s'en donnent à cœur joie, laissant émerger une multitude de mélodies colorées. Les Préludes de Scriabine se prêtent peut-être moins au jeu de l'arrangement du fait de leur caractère spécifiquement pianistique. Malgré quelques belles pages, on se perd rapidement dans la complexité des harmonies. Rachmaninov en revanche, avec son art de la clarté mélodique, n'eût certainement pas renié la magnifique version de la Vocalise, tout en pudeur et en sensibilité, offerte par Septura. A travers un répertoire particulièrement bien adapté, ce disque permettra donc de découvrir tout un pan de la riche famille des cuivres.
Quentin Mourier

Son 9 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 9

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