Ermanno Wolf-Ferrari, ce grand méconnu

par

Ermanno WOLF-FERRARI
(1876-1948)
Il Gioielli della Madonna
Natalia USHAKOVA (soprano), Kyungho KIM (ténor), Daniel CAPKOVIC (baryton), Suzanne BERNHARD (mezzo-soprano), Peter MADY (ténor), Frantisek DURIAC (basse), Bratislava Boys Choir, Pressburg Singers, Slovak National Theatre Opera Chorus, Slovak Radio Symphony Orchestra, dir. : Friedrich HAIDER
DDD–2016–48’ 14’’ et 74’ 37’’–Texte de présentation en anglais–Naxos 8.660386-87

Les Joyaux de la Madone : tel est le titre français de cet opéra en trois actes du Vénitien Ermanno Wolf-Ferrari, sur un livret de Carlo Zangarini et Enrico Golisciani. Il a été créé en allemand à Berlin en 1911, en italien à Chicago en 1912 et en français à Paris en 1913. Mais ce n’est qu’en 1953 qu’il a été représenté pour la toute première fois en Italie (à Rome), après été frappé d’interdiction durant quarante ans par l’autorité pontificale, car son argument tourne autour d’un sacrilège : le vol des joyaux de la Madone, le jour même de la procession à Naples – faute grave, il va sans dire, mais ne méritant pas l’anathème.
Sa notoriété, Ermanno Wolf-Ferrari la doit surtout grâce à ses opéras comiques et, en particulier, ceux que lui ont inspiré les pièces de théâtre de son illustre compatriote Carlo Goldoni, qu’il a servi à merveille (entre autres Les Femmes curieuses et Les Quatre Rustauds). Or Les Joyaux de la Madone relèvent plutôt de la veine vériste et baignent dans un climat que Ruggero Leoncavallo n’aurait pas dédaigné, lui qui maîtrisait si bien le chant napolitain – un chant qu’Ermanno Wolf-Ferrari recrée pour ainsi dire à sa façon tout au long de son opéra et qu’il parvient de surcroît à transcender par son extraordinaire sens du rythme et son immense talent d’orchestrateur. En l’écoutan8, on s’étonne d’ailleurs qu’Ermanno Wolf-Ferrari ne soit pas davantage joué et ne reste apprécié à sa juste valeur que des véritables férus de l’art lyrique. Ce disque, qui constitue un premier enregistrement mondial, devrait contribuer à le faire davantage connaître, et on ne peut que saluer le chef d’orchestre autrichien Friedrich, l’ancien directeur musical de l’opéra national du Rhin à Strasbourg, d’en être aujourd’hui un des principaux et des plus ardents défenseurs.
Jean-Baptiste Baronian

Son 8 – Livret 5 – Répertoire 9 – Interprétation 9

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