Harnoncourt et l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam

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L’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam fait paraître un coffret composé de captations de concerts sous la direction de Nikolaus Harnoncourt. Ce box documente la longue et étroite collaboration entre la phalange amstellodamoise et le chef autrichien. A cette occasion Crescendo Magazine retrouve Lodewijk Collette, responsable éditorial et Daniël Esser, ancien violoncelliste de l’orchestre et conseiller sur ce coffret pour remettre en perspective cette parution.   

Au début des années 1970, Harnoncourt faisait ses débuts de chef d'orchestre et avait dirigé le Residentie Orkest de La Haye. Comment s'est déroulée la rencontre avec l'Orchestre Royal du Concertgebouw ? 

Les réactions et critiques positives aux concerts avec le Residentie Orkest et les "rumeurs" sur les grandes qualités de Harnoncourt en matière de pratique d'interprétation authentique ont suffi à la direction artistique du RCO (dont Marius Flothuis était le responsable) pour l'inviter en 1975 à diriger la Passion selon Saint Jean de Bach à Amsterdam avec le RCO. Les musiciens furent en général immédiatement convaincus, tout comme le public et la presse. 

Comment l'orchestre a-t-il réagi à la collaboration avec N. Harnoncourt ? Quelles ont été les conséquences pour le RCO et sa sonorité d’ensemble des venues régulières de N. Harnoncourt ? 

Les musiciens de l'orchestre ont pris conscience qu'ils pouvaient apprendre beaucoup de cet "apôtre authentique", par exemple un son plus léger sans trop de vibrato, des tempos plus rapides, des accents et des contrastes plus prononcés. En bref, une extension de la conscience sonore déjà existante de l'orchestre.  

C'est avec le RCO que Harnoncourt a élargi son répertoire en se confrontant aux grandes œuvres du répertoire symphonique du XIXe. Comment le choix des œuvres a-t-il été déterminé ? 

Le choix du répertoire est venu de Harnoncourt lui-même, bien sûr en concertation avec la direction artistique de l’orchestre et de Teldec, le label du chef d’orchestre pour lequel nous avons gravé de nombreux disques. Ce fut un développement logique et naturel du point de vue de l'histoire de la musique.  

Le RCO est issu d'une grande tradition avec des chefs d'orchestre comme B.Haitink, R.Chailly et M.Jansons. Comment s'est déroulée la cohabitation entre Harnoncourt, le directeur musical et les autres chefs invités ?  

Il n’y avait pas de problème du tout.... À l'exception d'un commentaire -anecdotique- de Carlos Kleiber : "On dirait qu'il y a un panneau au-dessus de l'orchestre : "Interdit de faire des glissandi !"". 

Le RCO est aussi à l'aise avec Harnoncourt qu'avec Haitink, Kondrashin, Jochum, Jansons, Chailly. Comment l'orchestre peut-il être aussi à l'aise avec autant de styles d'interprétation différents ?  

Le savoir-faire, l'intelligence musicale, la flexibilité, l'amour de la musique et le respect du chef d'orchestre.  

Le son du RCO a-t-il changé sous l'influence de N. Harnoncourt ? L'influence du travail avec Harnoncourt est-elle toujours présente pour les musiciens du RCO aujourd'hui, en 2022 ?

Avec les classiques certainement..., moins de vibrato, pas de glissandi, moins de pression sur l'archet. Il n'y a plus de musiciens qui ont joué avec Harnoncourt à ses débuts. Les dernières années oui, une mémoire collective est certainement là.  

Harnoncourt et le RCO ont donné 276 concerts entre 1975 et 2013. Comment avez-vous établi cette sélection ? 

Les paramètres étaient les suivants : perspective historique, qualité technique, qualité artistique des solistes et des chœurs, qualité de l'enregistrement, atmosphère générale. Il fallait absolument que cela devienne un portrait en couleur !  Il y a également eu quelques suggestions/demandes de la part de la famille Harnoncourt et de l'Orchestre.

Comme pour le précédent coffret Beethoven, avez-vous une préférence personnelle pour l'un ou l'autre des enregistrements de ce coffret ? 

En fait, nos préférences s'appliquent à toutes les œuvres incluses dans le coffret. Cela dit, la Missa Solemnis et les trois dernières symphonies de Mozart sont peut-être le pinacle, l'exemple le plus pur de l'ADN Harnoncourt/RCO.

  • A écouter : 

Nikolaus Harnoncourt. The Radio Recordings 1981-2012. Oeuvres de J-S Bach, F.Mendelssohn, J.Haydn, W-A Mozart, L.van Beethoven, F.Schubert, J.Brahms, R.Schumann, A.Dvořák, J.Strauss Jr, A.Bruckner. Solistes, choeurs et Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam, Direction : N.Harnoncourt. 1 coffret de 15 cd. LC-14237.

Crédits photographiques : © Marco Borggreve

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