‘Il Giardino degli amanti’ selon Mozart à La Scala

par

Pour ouvrir les célébrations du 225e anniversaire de la mort de Mozart, le Corps de ballet de la Scala présente une création, Il Giardino degli amanti, conçue par le jeune chorégraphe Massimiliano Volpini. Pour support musical, il recourt à la musique de chambre du maître de Salzbourg en faisant intervenir un quatuor à cordes, une flûte, un hautbois, une clarinette fournis par les premiers pupitres de l’Orchestre de la Scala : se succèdent ainsi une vingtaine de mouvements extraits d’un duo pour violon et alto, du quintette avec clarinette, des quatuors à cordes et de ceux qui dialoguent avec flûte et hautbois.
Dans des décors et costumes magnifiques dus à Erika Carretta, baignant dans des éclairages crépusculaires conçus par Marco Filibeck, le rideau s’ouvre sur un jardin de villa XVIIIe jouxtant de hauts peupliers et un labyrinthe de verdure percé de portiques où s’engouffrent les fêtards. Paraît l’Homme, personnifié par Roberto Bolle en costume de ville, qui croit voir bouger les statues, s’avérant être les protagonistes des ‘Nozze di Figaro’. De l’autre côté du parc, la Femme campée par Nicoletta Manni est abordée par un séducteur efflanqué de son valet, Don Giovanni et Leporello, suivis du double couple de ‘Così fan tutte’. Au moment où la rencontre des deux premiers plans pourrait s’effectuer, la jeune fille est enlevée par les pirates. Et ce n’est qu’avec l’aide de la Reine de la Nuit que le jeune deviendra un nouveau Tamino à la recherche de sa Pamina. Lorsque la fantasmagorie se dissipe, lui et elle, enlacés dans les brumes du sommeil, écarquillent les yeux : leur aventure n’était-elle qu’un rêve ?
En un acte de 90 minutes où s’enchaînent les six tableaux, le tout est mené de main de maître. Avec la fougue d’une jeunesse inaltérée, Roberto Bolle est le fringant aventurier qui, pour la première fois, a pour partenaire Nicoletta Manni, récente Kitri de ‘Don Quichotte’, ingénue qui a ici la simplicité du naturel. Leur couple est parfaitement convaincant face aux personnages de fiction, au nombre desquels il faut évoquer la Reine de la Nuit de Marta Romagna, le Don Giovanni de Claudio Coviello, le Leporello de Christian Fagetti ainsi que le quatuor des ‘Nozze’ (Mick Zeni, Emanuela Montanari, Walter Madau, Antonella Albano) et celui de ‘Così’ (Valerio Lunadei, Angelo Greco, Vittoria Valerio, Marta Gerani). Et le public applaudit à tout rompre cette incursion dans un XVIIIe suranné, en se demandant, lui aussi, s’il n’a pas rêvé.                                                       Paul-André Demierre
Milan, La Scala, le 9 avril 2016

Les commentaires sont clos.