Décès d'un homme hors du commun

par is lee min ho dating in 2020

Nous venons d'apprendre le décès de Frank Corsaro ce 11 novembre à Suwanee (USA). Il  avait 92 ans.
Le New York Times le présente, à juste titre, comme l’homme qui a secoué le monde de l’opéra. Formé à l’Actors Studio, d’abord comédien, il fut un des premiers metteurs en scène d’opéra à vouloir que les chanteurs se comportent comme de véritables acteurs.
Souvent controversé, son travail se distinguait aussi par l’usage de nouvelles technologies et des transpositions, devenues aujourd’hui lieu commun sur nos scènes lyriques. Le Metropolitan Opera ne l’invita qu’une seule fois (Rinaldo, 1984, avec Marilyn Horne et Samuel Ramey), effrayé peut-être par trop de modernité. Mais il fut un des metteurs en scène phare du New York City Opera où le succès de Susannah de Carlisle Floyd (1958) a marqué le début d’une collaboration d'une cinquantaine d’année et d'une quarantaine de productions. C'est cette production-là qui vint à Bruxelles la même année, dans le cadre de l'Exposition Universelle.

Au City Opera, on lui devra des productions importantes telles que l'Ange de Feu, La Traviata (avec Patricia Brooks et Plácido Domingo), Madame Butterfly de Puccini, le Faust de Gounod (avec Beverly Sills et Treigle), le Prince Igor, l'Affaire Makropulos (avec Maralin Niska), Médée (version italienne), Die tote Stadt (avec Carol Neblett), La petite Renarde rusée (dans les conceptions par Maurice Sendak) ou Carmen de Bizet.
Corsaro a aussi écrit des livrets d'opéras : Héloïse et Abelard de Stephen Paulus et Frau Margot de Thomas Pasatieri.
On a retrouvé aussi le comédien dans le rôle d'Hector Jonas dans le film Rachel, Rachel (1968) avec Joanne Woodward sous la direction de Paul Newman.
En 1988, il a pris la direction de l'Actors Studio.

De nombreux artistes ont vanté son travail tels Placido Domingo (La Traviata, 1966) ou le baryton Richard Stilwell qui ne cache pas son admiration : Corsaro combinait étonnamment connaissances musicales et expertise théâtrale, et cela m'a vraiment ouvert les yeux sur ce que l'opéra pouvait être : une forme d'art spéciale où les mots, la musique et le théâtre contribuent à égalité à la création d’un drame émouvant. Notre jeunesse et notre enthousiasme ont été nourris de ces possibilités.