L' "Ecurie" DGG ou l'histoire de l'interprétation

par

The mono ear (1948 -1957)
Cinquante-et-un enregistrements qui ont fait la gloire de l'étiquette jaune ! A propos, savez-vous pourquoi le centre de l'étiquette des 33 tours était gravé de têtes de tulipes ?*
Réponse en bas de l'article...
Revenons au corpus des 51 CD. Un vrai régal !
Un copieux coffret nous conte la belle histoire de DGG qui, avec le temps, a perdu un G. Au sortir de la 2e Guerre Mondiale, on cherchait un format pour remplacer le 78 tours qui ne pouvait offrir que quatre minutes et demie de musique, soit presque toutes les mélodies, la plupart des airs d'opéra, des pièces de caractère et des danses... répertoire limité. Une première étape fut franchie avec le "microsillon 78 tours" et son nombre de sillons nettement plus important. On doublait le temps de musique. Et puis... il y eut les 25, et 30 centimètres, les 45 tours de 17 centimètres, les 33 tours... Entretemps, il y eut aussi le "78 tours à sillon variable" qui offre jusqu'à neuf minutes par face. C'est avec ce nouveau procédé que le Quatuor Amadeus enregistre, en trois disques, deux Quatuors de Schubert repris sur le premier disque de cette série. Outre les qualités des interprètes, on est séduit par la qualité du son, très profond, ce qui ne sera pas le cas de tous les CD proposés dans ce coffret. Mais ce qui me semble important ici, c'est l'histoire d'un label qui, au fil de son histoire, a réuni le gratin des interprètes et c'est avec une certaine nostalgie que l'on y pense.
En 1949 arrivent chez DGG Dietrich Fischer-Dieskau et sa sensible partenaire Hertha Klust, Ferenc Fricsay qui travaille autant avec le Philharmonique de Berlin qu'avec son propre orchestre symphonique de la RIAS. En 1953, DGG enregistre une première intégrale d'opéra. La tâche de diriger revient à Ferdinand Leitner pour Zar und Zimmermann de Lortzing. L'année précédente, Elsa Schiller prenait la direction de la maison. Elle-même pianiste, elle décide de faire de DGG "le" label de piano par excellence, possédant déjà une cohorte de grands pianistes à la tête de laquelle Wilhelm Kempff, artiste DGG depuis 1920. Mais il y a aussi Elly Ney, Conrad Hansen, Stefan Askenase, Halina Czerny-Stefanska, Shura Cherkassky, Monique Haas, Andor Foldes, Clara Haskil, Adrian Aeschbacher et... Sviatoslav Richter, autant de pianistes que l'on retrouve ici et dont certaines conceptions semblent si éloignées de celles d'aujourd'hui. Ecoutez par exemple le 1er Concerto de Tchaikovsky par Cherkassky ! En plus des essentielles formations berlinoises, DGG a à sa disposition d'autres orchestres tel le nouvel Orchestre Symphonique de Bamberg, la Philharmonie Tchèque de Karel Ancerl qui a réussi à passer le rideau de fer et le Philharmonique de Leningrad dirigé par Kurt Sanderling, alors assistant du chef titulaire Ievgueni Mravinski, la Staatskapelle de Dresde et le Gewandhaus de Leipzig tous deux dirigés par Franz Konwitschny. Dans l'écurie des chefs figurent aussi Wilhelm Furtwängler, Hans Rosbaud, Igor Markevitch, Eugen Jochum et le jeune chef américain Lorin Maazel. Quant à la liste des chanteurs, elle est dominée par Irmgard Seefried, Rita Streich et Maria Stader. On y retrouve aussi Tiana Lemnitz, Astrid Varnay, Wolfgang Winfgassen et Josef Greidl.
Les instrumentistes à cordes sont aussi de la partie, emmenés par deux vétérans du violoncelle : Enrico Mainardi et Ludwig Hoelscher, Wolfgang Schneiderhan, Johanna Martzy, Bronislaw Gimpel, David Oistrakh.
En musique de chambre nous retrouvons, outre le Quatuor Amadeus, le Quatuor Janacek et le Quatuor Loewenguth, spécialiste du répertoire français.
Et pour refermer ce fantastique panel, n'oublions pas le roi des instruments. Le récital d'orgue repris ici est celui donné en 1956 en l'honneur de la fin des réparations de la Cathédrale de Cologne suite aux dommages de la guerre par Josef Zimmermann à l'orgue Klais de la cathédrale.
Dans un rayon plus léger, relevons les "Cosaques du Don" dont les enregistrements figuraient alors parmi les meilleures ventes et quelques perles du catalogue Polydor avec Michael Lanner, le roi de la valse, et Alfred Hause, l'as du tango, dirigeant chacun son orchestre. On y retrouve aussi Helmuth Zacharias, Gerhard Winkler et le clarinettiste Benny de Weille.
Les pochettes sont des reproductions d'époque... Pour une belle cure de nostalgie car, bien sûr, le répertoire choisi pour chacun de ces interprètes les propose à leur "top niveau".
Bernadette Beyne
Livret de 145 pages avec traduction des textes chantés - Textes de présentation en anglais, allemand, français - DG 479 5516 

* Pour être certain que la platine tournait bien à 33 tours/minute. Un stroboscope en quelque sorte. 

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