L’amitié au service de Prokofiev

par

Sergei Prokofiev (1891-1953) : Cinq Mélodies, Op. 35 bisSonate n°1 pour violon et piano en fa mineur, Op. 80Sonate n°2 pour violon et piano en ré majeur, Op. 94a. Kristi Gjezi, violon – Louis Lancien, piano. 2019-DDD-64’06-Textes de présentation en anglais et français-Paraty-149182

Sensible, précis et réfléchi, du très beau et bon Prokofiev que nous propose le duo Gjezi/Lancien. Rarement nous avions ressenti autant d’émotions à l’écoute d’un disque de musique de chambre. Ici, nous sommes sous le charme à travers ces trois ouvrages d’une complexité redoutable. Dans les cinq Mélodies, la souplesse de jeu, la spécialité du son et la générosité sont au service des différentes et nombreuses atmosphères recherchées par le duo. Ajoutant à cela une rondeur d’attaque et une virtuosité qui ne se veut clairement pas démonstrative, tout est chantant et poétique. L’approche est linéaire, multipliant les couleurs et les saveurs qui nous rappellent avec émotion quelques parfums suaves. Des moments suspendus, magiques en somme, dont le retour à la réalité s’opère par divers soubresauts. Dans la Première Sonate, l’auditeur est face à une pensée dramatique d’une rare profondeur. Dans le premier mouvement, les deux artistes vont au fond des idées et ne cherchent pas la facilité. La rondeur des graves, associée à une ligne mélodique juste énoncée, nous entraîne vers un second mouvement percutant, acide et franc. La douceur du troisième mouvement, telle de l’eau coulant délicatement, annonce la course effrénée aux allures de fête du dernier mouvement. Si la technique est parfaite, comment exprimer le ressenti face à tant de tableaux et paysages si convaincants ? C’est par une forme de mélancolie que débute la Sonate n°2. Le duo fouille chaque recoin de la partition et en tire des accents expressifs conséquents. Le second mouvement est dansant, virevoltant, à l’inverse du troisième qui se rapproche d’une berceuse. Tout est naturel, sensible, avec des rapports d’une grande bienveillance. Enfin, c’est la fête, ça bouge, mais toujours avec le souci du détail et du respect du matériau. La complicité de ces deux amis, clairement affichée ici, fait de cet enregistrement une réelle leçon de musique.

Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

 

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