Le Bruckner tellurique de Manfred Honeck.

par

Anton Bruckner (1824-1896)  : Symphonie n°9Pittsburgh Symphony  Orchestra, Manfred Honeck – 2018 – Livret en anglais- 1 cd Fresh / RR.

Si vous cherchez un disque pour accompagner paisiblement votre sieste par une douce après-midi d’octobre ou votre lecture du dernier livre de Sylvain Tesson qui fait l’éloge de l’attente, passez votre chemin ! Cette nouvelle version (Nowak) de la Neuvième Symphonie de Bruckner est tout sauf un long fleuve orchestral tranquille. Nous sommes ici aux antipodes de la vision contemplative d’un Sergiu Celibidache par exemple. Mais est-ce pour autant un Bruckner à grande vitesse ?

Manfred Honeck est un chef qui va de l’avant. Il suffit d’écouter ses récents enregistrements avec Pittsburgh pour s’en convaincre. Ses symphonies de Beethoven sont dans la même veine que le cycle Chailly ou les derniers Harnoncourt. Un souffle permanent qui emporte tout sur son passage.

C’est l’impression qui domine encore ici avec un premier mouvement qui ne connaît pas de temps mort. On est clairement dans le « Feierlich ». Si « Misterioso » il y’a c’est plutôt sous l’effet de la sidération. Bruckner voulait toucher le divin, ici il nous crie dans l’oreille. On ne se remet pas aussi facilement d’une telle claque auditive. C’est efficace, le message passe !

Les deux mouvements suivants gardent cet allant mais le pas est plus raisonnable. Pour au final atteindre les soixante-trois minutes d’enregistrement. Honeck a le sens de la nuance et n’oublie pas la dimension extatique de la partition. Dans une certaine mesure la transcendance demeure par le biais des émotions soulevées. Chez Celibidache c’est un parfum d’éternité, chez Honeck c’est la puissance qui subjugue.

L’orchestre de Pittsburgh ne cesse de nous surprendre. Quels cuivres ! Quel son ! Il soutient largement la comparaison avec les vénérables phalanges du vieux continent. Mention spéciale également au preneur de son qui nous permet de percevoir jusqu’aux craquements des pupitres dans les moments d’extrêmes tensions. Avec un installation hi-fi digne de ce nom l’effet est saisissant.

Un grand disque qui ne plaira sûrement pas à tout le monde mais qui sonne comme une longue prière d’une rare ferveur. Cela donne envie d’y croire !

Son 10 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Bertrand Balmitgère

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