Le charme discret de Wolf-Ferrari
Ermanno WOLF-FERRARI (1876-1948) : Idillio (concertino pour hautbois, cordes et deux cors–Sérénade pour cordes–Suite (concertino pour basson, cordes et deux cors). Fabien THOUAND (hautbois), Valentino ZUCCHIATTI (basson), Nuova Orchestra da camera Ferruccio Busoni, dir. : Massimo BELLI. DDD–2019–67’ 27’’–Texte de présentation en anglais–Brilliant 95875
Depuis une bonne vingtaine d’années, les enregistrements discographiques des œuvres d’Ermanno Wolf-Ferrari se sont multipliés, alors qu’il n’y en avait pas beaucoup sur vinyle et que le compositeur était pour ainsi dire tombé dans les oubliettes, même à Venise, sa ville natale, la ville magique de Carlo Goldoni qui lui a inspiré quelques-uns de ses meilleurs opéras (en particulier Les Quatre Rustres et La Veuve rusée). Sans cesse sur la brèche, le label néerlandais Brilliant continue l’exploration des opus d’Ermanno Wolf-Ferrari en proposant cette fois, outre la très belle Sérénade pour cordes composée en 1893, deux concertinos des plus attachants écrits pour des formations peu communes : Idillio op. 15 pour hautbois, cordes et deux cors et Suite op. 16 pour basson, cordes et deux cors. Ils datent de 1933, c’est-à-dire juste après La Veuve Rusée, et montrent chacun combien Ermanno Wolf-Ferrari est un maître coloriste, à la fois éclatant, chatoyant et sombre, une sorte de plasticien de l’art musical, un peu comme Francis Poulenc dans le domaine français. Leur charme est indéniable, sauf à avoir l’oreille distraite et le cœur froid. Un charme discret, mais naturel, que Fabien Thouand au hautbois, Valentino Zucchiati au basson et Massimo Belli à la tête de la Nuova Orchestra da camera Ferruccio Busoni contribuent largement à faire partager.
Jean-Baptiste Baronian
Son 9 Livret 6 Répertoire 8 Interprétation 9