L’Avant dernière séance : le faust de Murnau

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Après le « jubilé Domingo », un opéra marathon, un ballet entre tradition et modernité et une symphonie hors norme, notre parcours aux Chorégies d’Orange continue avec un ciné-concert. La programmation de cette 150e édition du plus vieux festival au monde est décidément très éclectique et c’est tant mieux !

En attendant Don Giovanni ce mardi nous avons eu le plaisir d’assister à un exercice peu banal avec à l’affiche le très médiatique Jean-François Zygel. C’est la deuxième fois que ce dernier se livre dans le cadre des Chorégies à cette démonstration d’improvisation au piano. On peut parler de démonstration car Zygel est un maître -bien connu- du genre. En 2017 il nous transporta dans les tréfonds du Palais Garnier lors de la projection du légendaire Fantôme de l’Opéra dans sa version de 1925. Pourquoi changer une recette qui marche ? Deux ans plus tard Zygel s’attaque cette fois au Faust de Friedrich Wilhelm Murnau (1926). Cette initiative courageuse de la part de Jean-Louis Grinda, directeur du festival, est salutaire, c’est une manière astucieuse de perpétuer la mémoire des pionniers du cinéma européen. Un temps où le septième art était encore muet.

Cette absence de dialogue donne à Zygel un espace de liberté dont il ne se prive pas. Murnau n’est plus le seul maître d’œuvre de cette adaptation du mythe de Goethe. Murnau voyait son Faust comme une œuvre picturale s’inspirant de toiles célèbres (Dürer, Rembrandt…), Zygel, grâce à son génie dans le domaine, lui donne une dimension supplémentaire et des « couleurs » jusque-là jamais vues. Ses improvisations se marient à merveille avec l’œuvre mais cela va au-delà du simple habillage sonore. On peut suivre pas à pas avec lui le destin de Faust devenu l’instrument du tragique pari entre l’archange et le diable. Zygel tire son inspiration dans les grands maîtres du romantisme : Berlioz, Liszt, Chopin ou encore Gounod. A la démarche musicale s’ajoute comme toujours avec Jean-François Zygel la volonté de transmettre. Lors de ses interventions avant et après la projection nous avons pu sentir le pédagogue doublé d’un passionné. Zygel aime Murnau (c’est communicatif !), il le dit et joint la parole au geste en lui offrant le plus beau des accompagnements.

Espérons pour conclure que cette troisième édition du ciné-concert, malgré un public réduit (quel dommage...), ne sera pas la dernière. Les films de Dreyer, Pabst, Gance ou ici Murnau sont une mine de trésors cinématographiques en attente eux aussi d’une jeunesse éternelle.

Chorégies d’Orange - Palais des Princes, Dimanche 4 août 2019

Bertrand Balmitgère

Crédits photographiques : DR

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