Le dernier Vivaldi, opéra posthume méconnu
Antonio VIVALDI
(1678- 1741)
L’Oracolo in Messenia overo La Merope
Opera in musica RV 726 - Libretto by Apostelo Zeno
Reconstruction of the 1742 Vienna version by Fabio BIONDI
2012 - Enregistrement live au Wiener Konzerthaus - CD1(79:49) et CD2 (76:52) - Texte en anglais, français et allemand et livret de l’opéra en italien, traduit en anglais, français, allemand- Virgin Classics - 50999 6025472 6
Après une carrière riche en éclats et en brillances successives, la désillusion et l’indifférence viennent sonner amèrement pour un Vivaldi vieillissant qui meurt dans la pauvreté et la misère absolues à Vienne en 1742, ignoré de tous. L’opéra posthume L’oracolo in Messenia est un dramma per musica, un genre tombé en désuétude au 18ème siècle. Mais il revête la particularité de réunir tout l’art du prêtre roux sur un long drame de plus de deux heures de musique. En effet, l’ambition et le défi relevé par Vivaldi est de briller en montrant combien il sait être polymorphe par la réunion de la composition, de la révision de partitions antérieures et de la compilation de musiques préexistantes. Les sources étant défectueuses, il est difficile de distinguer les emprunts faits très exactement à G. Giacomelli, compositeur ayant présenté une version de ce sujet à Venise au cours du carnaval de 1734 avec les deux plus grands castrats de l’époque : Farinelli et Caffarelli, au sein du plus prestigieux théâtre de la ville alors que Vivaldi terminait dans un théâtre voisin la saison avec l’Olimpiade. Partition richement garnie par son écriture, fort aboutie dans son architecture, elle abrite toute une réflexion synthétique de l’art vivaldien finissant, ce dernier étant au soir de sa vie. Fidèle à un esprit de restitution au plus vrai d’une authenticité opératique, F. Biondi et son ensemble s’aventurent avec une récurrente fraîcheur et un dynamisme partagé au cœur des humeurs, caractères, passions et intrigues. Tantôt énergiques ou désemparés, tantôt hystériques ou combattifs, les artistes abordent avec une justesse irréprochable les intentions vivaldiennes, sous la baguette du chef F. Biondi, qui les conduit avec détermination et conviction au nom d’une interprétation qui tend à approcher au plus près de ce que fut l’esprit baroque d’un Vivaldi vieillissant.
Marie-Sophie Mosnier
Son 9 - Livret 8 - Répertoire 9- Interprétation 8