Octuors à cordes dans l’esprit de l’écriture mendelssohnienne

par

Johan S. SVENDSEN - Max BRUCH
(1840-1911) - (1838-1920)
Octuor en la majeur, opus 3- Concerto pour octuor à cordes en si bémol majeur, opus posthume
Tharice Virtuosi : Liviu PRUNARU, violon - Bogdan ZVORISTEANU, violon - Oleg KASKIV, violon- Edgar PUJOL, violon - Vlad STANCULELEASA, violon - Sophia REUTER, alto - Ettore CAUSA, alto - Stanimir TODOROV, violoncelle - Pablo De NAVERAN, violoncelle
2012 - DDD - 67’38 - Livret en français, allemand, anglais – Claves - 50 1207
L’ensemble à cordes  Tharice Virtuosi  composé de neuf instrumentistes fort accomplis, propose une lecture du répertoire chambriste allant du trio à l’octuor, toutes époques confondues. Animé par une active et brillante dynamique de groupe, cet ensemble propose au sein de ce disque paru en 2012, deux octuors, injustement délaissés pour ne pas dire méconnus de la part des musiciens comme du public.
J.V. Svendsen (1840-1911) et M. Bruch (1838-1920), compositeurs d’une importante production, sont ici remis à l’honneur, autour de leurs octuors respectifs. Tous deux écrits en écho au célébrissime modèle du répertoire romantique : l’octuor opus 20 de Mendelssohn, composé du haut de ses seize ans, ces deux oeuvres se placent comme les maillons transitionnels entre le sommet de Mendelssohn et les octuors du 20ème siècle, ceux de Chostakovitch ou d’Enesco. A l’écart des bouleversements musicaux de leur temps, ceux des audaces de Tristan de Wagner, comme les chemins empruntés par Brahms, ces deux compositeurs, dont la majeure partie de leurs œuvres fut éclipsée par d’autres et par le cours du temps, adoptent et défendent un langage dans la lignée d’un Mendelssohn. La clarté du discours, l’équilibre de l’écriture disent leur haute maîtrise de la composition, sans jamais glisser dans le pastiche et sans également parvenir à une différenciation singulière et originale.
L’atmosphère étrange du deuxième mouvement de l’octuor de Svendsen évoque le monde des elfes, en miroir au  Songe d’une nuit d’été  de Mendelssohn, d’après l’œuvre shakespearienne ou bien encore survient la bipolarité de la lumière et de l’ombre de l’adagio de l’octuor de Bruch, sonnant comme un hommage implicite à Mendelssohn. Il est fort intéressant de relever que l’œuvre de Svendsen ici présentée est une partition de jeunesse, caractérisée par un éclat et une brillance, alors que celle de Bruch fut composée sept mois avant sa mort, soit près d’un siècle après celui de Mendelssohn ! Et ces deux œuvres composées à intervalle temporel distendu, à l’ombre des voies nouvelles, viennent se placer comme un écho admiratif à la postérité d’un genre malheureusement boudé : celui de l’octuor à cordes.
Enfin, l’initiative de l’ensemble Tharice Virtuosi est guidée par une compréhension mi- individuelle, mi- collective, où tout un chacun ose une lecture personnelle au service d’une lumière musicale finalisée en commun. La proposition de cette nouvelle parution est méritante, car elle porte un regard réfléchi et vrai sur une musique qualifiée par R. Wagner de « musique très plaisante », un compliment à demi-teinte qui ne doit pas pour autant enterrer ce répertoire représentatif d’une époque et d’un contexte socio-culturel.
Marie-Sophie Mosnier
Son 8 - Livret 7- Répertoire 9 - Interprétation 8

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