Le Journal

Coupes dans les budgets

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La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a annoncé des coupes dans les budgets d'un grand nombre d'institutions culturelles françaises, dont certaines sont les plus importantes du pays, comme le Musée du Louvre et l'Opéra de Paris.

Concrètement, pour l'Opéra, six millions d'euros seront économisés sur son budget, alors qu'il vient d'annoncer sa saison 24-25, après avoir réalisé un bénéfice de plus de deux millions d'euros lors de la précédente et à quelques mois de l'arrivée des Jeux Olympiques de 2024 dans la capitale française, avec toutes les dépenses que cela implique. La raison invoquée par le ministère est l'économie budgétaire pour tenter de limiter les dépenses publiques et réduire le déficit, qui s'élève en France à environ 5,5 % du PIB.

La mairie de Paris a exprimé son désaccord.

Ouverture "Russie" de Mili Balakirev, 160 ans

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Le compositeur russe Mili Alekseïevitch Balakirev est né le 21 décembre 1836 (2 janvier 1837 dans le calendrier grégorien) à Nijni Novgorod et mort le 16 mai 1910 (29 mai dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg.
Il est connu pour sa pièce virtuose pour piano Islamey et son poème symphonique Tamara.

Avec sa première Ouverture sur trois thèmes russes (1858), Balakirev se concentre sur l'écriture d'œuvres symphoniques à caractère russe. Il choisit ses thèmes dans des recueils de chansons folkloriques disponibles à l'époque où il composa la pièce, prenant comme modèle Kamarinskaya de Glinka en choisissant une chanson lente pour l'introduction, puis pour la section rapide en choisissant deux chansons dont la structure est compatible avec le motif ostinato de la chanson de danse Kamarinskaya.
L'utilisation par Balakirev de deux chansons dans cette section constituait un écart important par rapport au modèle, car elle lui permettait de lier le processus symphonique de la forme symphonique aux variations de Glinka sur un motif ostinato et, en les opposant, de traiter les chansons de manière symphonique plutôt que simplement décorative.

La Seconde ouverture sur des thèmes russes (1864) fait preuve d'une sophistication accrue, Balakirev utilisant la technique de Beethoven consistant à dériver de courts motifs de thèmes plus longs, de sorte que ces motifs puissent être combinés en un tissu contrapuntique convaincant.
En tant que telle, elle peut être considérée comme un exemple de composition motivique-thématique abstraite, mais comme elle utilise des chansons folkloriques, elle peut également être considérée comme une déclaration sur la nationalité.
Dans cette ouverture, il montre comment les chansons folkloriques peuvent prendre des dimensions symphoniques tout en accordant une attention particulière à l'élément de la protyazhnaya ou mélisme-chanson lyrique élaborée de manière technique.
Ce type de chanson se caractérise par une extrême souplesse rythmique, une structure de phrase asymétrique et une ambiguïté tonale. Incorporer ces éléments signifiait employer l'instabilité tonale de la chanson folklorique dans des structures plus larges en s'appuyant sur l'indétermination tonale.
La structure de cette ouverture s'écarte des relations tonales classiques entre tonique et dominante, se rapprochant des expériences tonales de Liszt et Robert Schumann.

André Previn, 95 ans

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Décédé il y a cinq ans (à Manhattan), américain d'origine allemande, André George Previn, né Andreas Ludwig Priwin le  à Berlin, était pianiste, chef d'orchestre et compositeur.

Né dans une famille juive de Berlin, Andreas Priwin émigre avec sa famille aux États-Unis en 1938 pour échapper aux nazis. Il devient citoyen américain en 1943, grandit à Los Angeles et fait ses premiers pas en arrangeant et composant des musiques de films d'Hollywood à partir de 1948. Il adapte et dirige la musique pour des films comme "Gigi" (1958), ""Porgy and Bess" (1959), "Irma la Douce" (1963) et "My Fair Lady" (1964) ; pour chacun d'eux, il reçoit un Oscar de la meilleure adaptation musicale (il est au cours de sa carrière onze fois nommé pour un Oscar). Pendant des années, il travaille au célèbre département musical de la MGM dirigé par Arthur Freed.

À la fin des années 1950, il se produit et enregistre comme pianiste de jazz. Enregistrant principalement pour Contemporary Records, il travaille avec Shelly Manne et Benny Carter. Son album de chansons de "My Fair Lady" (1956) avec Manne est devenu un best-seller.

En 1967, Previn, qui avait été l'élève de Pierre Monteux de 1951 à 1953, à l'époque où ce dernier dirigeait l'Orchestre symphonique de San Francisco, devient chef de l'Orchestre Symphonique de Houston puis, l'année suivante, de celui de Londres, avec lequel il enregistrera la musique du film "Rollerball", sorti en 1975. Dans les années qui suivent, il dirige de nombreuses fois l'Orchestre Symphonique de Pittsburgh, le Royal Philharmonic Orchestra et l'Orchestre Philharmonique de Los Angeles.

Après sa carrière à Hollywood, il se concentre davantage sur la composition d'œuvres de musique classique. Son premier opéra, A Streetcar Named Desire, sur un livret de Philip Littell, et basé sur la pièce de Tennessee Williams, est représenté pour la première fois à l'Opéra de San Francisco en 1998 avec Renée Fleming dans le rôle-titre de Blanche DuBois.

Parmi ses autres œuvres de musique classique, on trouve notamment un concerto pour violoncelle dédié à Yo-Yo Ma, un concerto pour piano dédié à Vladimir Ashkenazy, un concerto pour guitare, des cycles de chansons pour Janet Baker, Kathleen Battle, Barbara Bonney et Anthony Dean Griffey…

De 2002 à 2006, il est directeur musical de l'Orchestre Philharmonique d'Oslo.

André Previn a déjà été marié quatre fois (Dorothy Langan, dite Dory Previn (en), Mia Farrow, Betty Bennett, Heather Sneddon), lorsqu'il épouse en 2002 la violoniste allemande Anne-Sophie Mutter, pour laquelle il a d'ailleurs écrit un concerto pour violon (Anne-Sophie). Le couple se sépare en 2006.
Soon-Yi Previn est sa fille adoptive.

Tommaso Traetta, 245 ans

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Tommaso Traetta (né le  à Bitonto, près de Bari et mort le  à Venise) est un compositeur italien du XVIIIe siècle, représentant important de l'école napolitaine, principalement dans le domaine de l'opera seria.

Traetta part très jeune pour Naples, où il étudie au Conservatoire de Santa Maria di Loreto sous la férule des compositeurs Nicola Porpora, Leonardo Leo et Francesco Durante.

En 1748, il achève ses études au Conservatoire et enseigne le chant. Il compose, pour les églises et les couvents de Naples, des messes, des vêpres, des motets et des litanies dont les manuscrits sont encore existants. Il fait ses débuts dans l'opéra à l'âge de 24 ans, avec Farnace, créé au Théâtre San Carlo de Naples qui obtient un grand succès. En 1757 au Théâtre delle Dame à Rome, il donne Ezio, considéré comme une de ses œuvres majeures, puis La Nitteti, à Reggio d'Émilie, Didone abbandonata,
à Venise, Demofoonte, à Milan et Olimpiade à Vérone. Traetta s'est essayé avec succès à l'opéra buffa notamment avec le délicieux le Serve Rivali, plein de joie et de fines réparties.

En 1758, il est invité par le souverain du Duché de Parme, Philippe de Bourbon, devient maître de chapelle et enseigne l'art du chant aux princesses de la famille ducale. La même année, il donne Solimano.

Sous l'influence du premier ministre d'origine française Guillaume du Tillot, qui voulait réformer le melodramma serio, Traetta reprit le livret utilisé par Jean-Philippe Rameau pour Hippolyte et Aricie en 1733, qui est remanié par Carlo Innocenzo Frugoni. L'œuvre est représentée en 1759 et reprise en 1763 lors du mariage de l'Infante de Parme avec le Prince des Asturies. Il reçoit une pension du Roi d'Espagne.

Le succès d' Ippolito ed Aricia est tel que le compositeur et le librettiste composent un nouvel opéra, I Tintaridi, inspiré de Castor et Pollux (de Rameau), qui est représenté à Parme en 1760.
En 1763, Traetta, est appelé à Vienne pour la création d' Ifigenia in Tauride considérée aussi comme une de ses œuvres majeures, sur un livret de Mario Coltellini, comme il l'avait été en 1761 pour celle d'Armida, sur un livret du comte Giacomo Durazzo. En 1762, Sofonisba avait été créée à l’Opéra de Mannheim.

En 1765, après la mort du Duc de Parme, Traetta est appelé à Venise, où il dirige le Conservatoire de l'Ospedaletto à Venise, puis entre au service de Catherine II de Russie, à Saint-Pétersbourg, de 1768 à 1775.
Sa santé s'affaiblit en raison de la rigueur du climat, et c'est avec la plus grande peine qu'il réussit à se faire congédier, Catherine II s'étant attachée à lui et lui écrivant des livrets.
Il se rend à Londres, où il réalise le drame Germondo, représenté au théâtre du roi, qui ne fut pas un succès, puis il revient à Venise, où il écrit quelques œuvres, sans retrouver le feu de ses anciennes productions.
Il meurt le , à 52 ans.

Classeek annonce l'expansion de son catalogue média

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Classeek, la plateforme d'accompagnement des jeunes musiciens classiques, est en constante expansion. Son catalogue média, qui comprend déjà des podcasts, des concerts et des vidéos, est désormais disponible sur de nouvelles plateformes, et propose toujours de nouveaux contenus.

Les podcasts

Il existe notamment une série de podcasts passionnants qui correspondent à la mission de soutenir les jeunes artistes, l’ADN de Classeek. L’objectif est de donner à ces jeunes talents accès à des conseils professionnels via des moyens numériques innovants et attractifs, pour les aider à développer leur carrière.

Les podcasts Classeek 15', déjà disponibles sur Spotify, Apple Podcast et Google Podcast ainsi que sur le site Classeek, proposent des échanges animés entre artistes et professionnels de l'industrie musicale. Les podcasts abordent sans retenue et de manière constructive des sujets très variés : gestion des artistes, difficile réalité de la concurrence, bien-être, impact environnemental ou encore accès à la musique pour le plus grand nombre.

Voici la liste des titres des épisodes du plus ancien au plus récent :

Gautier Capuçon – La vie en tournée
Gautier Capuçon – Lancement de la Fondation Gautier Capuçon
Gautier Capuçon – Le monde de la compétition aujourd'hui
Sonia Simmenauer – À la découverte du management d’artistes
Eric Tanguy – Devenir aujourd’hui un compositeur classique à succès
David Kadouch – Naviguer dans le monde classique moderne
Jalayne Mitchell – Pratiquer le bien-être
Naomi Belshaw – Présenter le « vous » authentique
Yaron Herman – Cultiver la créativité
Dr Indre Viskontas – Musique et cerveau ; une introduction
Charlie Siem : Transformer les défis en opportunités
Sonia Simmenauer : Guider les jeunes artistes vers le succès
Meurig Bowen : Briser les normes de la musique classique
Florian Riem : Un guide pour bien choisir les concours de musique classique
Oli Rose : Autonomiser les jeunes musiciens grâce aux fondations musicales
Lea Brückner : La nouvelle génération d’artistes itinérants
Jean-Paul Gasparian : Les concours et le parcours d'un interprète
Shirley J Thompson : Détermination et diversité dans la musique classique
Nadine Benjamin : Changer de carrière dans la musique classique
Esther Yoo : Anxiété de la performance et psychologie de la musique
Emmanuel Pahud : Équilibrer les rôles de soliste et d'orchestre dans la musique classique
Gabor Takacs Nagy : Rassembler les musiciens
Rémy Franck : Naviguer dans le paysage changeant de la musique classique
Numa Bischof Ullmann : En quête d'excellence au sein de l'Orchestre Symphonique de Lucerne
Stephen McHolm : Nourrir la prochaine génération de musiciens classiques à la Verbier Festival Academy

Concerts en ligne

Les enregistrements de tous les concerts du programme Ambassadeur sont déjà disponibles sur le site Classeek.com et sur YouTube. Ils représentent un catalogue unique de performances de jeunes artistes à découvrir absolument. Classeek leur permet de se promouvoir de la meilleure façon possible auprès des mélomanes et des professionnels du monde entier.

Par ailleurs, deux concerts seront diffusés et disponibles d'ici au printemps 2024 sur le média américain The Violin Channel, et un concert sera diffusé sur la plateforme leader de musique classique, Idagio, avec laquelle Classeek a noué un partenariat.

Idagio propose une série de vidéos d'artistes du programme Ambassadeurs de la saison dernière, accessibles gratuitement sur leur site internet.

 

Markus Hinterhäuser reste à Salzbourg

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Markus Hinterhäuser restera directeur du Festival de Salzbourg pendant encore cinq ans. Son contrat actuel a été prolongé jusqu'en 2031, avec une possibilité de résiliation mutuelle le 30 septembre 2029, comme l'ont annoncé jeudi les organisateurs.
Le conseil d'administration a voté à l'unanimité en faveur de la prolongation.

Selon l'agence de presse APA, sept hommes et une femme ont postulé au poste d'administrateur, et cinq des personnes intéressées ont été convoquées pour une audition ce jeudi après-midi.

 

"4e quatuor à cordes" de Darius Milhaud, 105 ans

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Darius Milhaud a composé dix-huit quatuors à cordes entre 1912 et 1950 qui sont pour son biographe Jean Roy « dix-huit visages, dix-huit caractères, maintes sautes d'humeur, maints mouvements de l'esprit, du cœur, de l'âme...»

Le Quatuor à cordes no 4 opus 46, composé en 1918 à Rio de Janeiro, est créé le 5 avril 1919 par le Quatuor Capelle.

 

"La Chauve-souris" de Johann Strauss II, 150 ans

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Die Fledermaus (en français, La Chauve-Souris) est une opérette viennoise composée en 1874 et créée au Theater an der Wien de Vienne le 5 avril 1874.

À la base du livret, une pièce autrichienne de 1851, « Das Gefängnis » (La Prison) adaptée par Henri Meilhac et Ludovic Halévy en 1872 sous le titre « Le Réveillon ». L'œuvre retourne à Vienne où l'histoire est transformée par Richard Genée et Karl Haffner. Strauss achève la partition en 42 jours et connait le succès dès sa sortie.

Créée en français à Paris le 30 octobre 1877 sous le titre La Tzigane, dans une version remaniée de Delacour et Wilder, elle ne rencontre le succès qu'à partir de 1904 dans une nouvelle adaptation de Paul Ferrier.

 

Claude Delvincourt, 70 ans

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Le pianiste et compositeur français Claude Delvincourt est né à Paris 8e le 12 janvier 1888 et mort le 5 avril 1954 à Orbetello (Italie).

Il est le fils d'un diplomate, Pierre Delvincourt, et de Marguerite Fourès. Sa vocation s'éveille de bonne heure auprès d'une mère fort bonne pianiste, il prend à 7 ans ses premiers cours de piano. Il a pour maître un ami de la famille, Léon Boëllmann, puis Henri Büsser, alors jeune Prix de Rome.
Il manifeste le désir de devenir compositeur, mais son père souhaite qu'il prépare d'abord le concours de Polytechnique. Bachelier ès lettres et ès sciences-mathématiques, il entre néanmoins au Conservatoire de musique et de déclamation à 20 ans et devient l'élève de Georges Caussade et de Charles-Marie Widor. En 1911, il obtient le second premier prix de Rome derrière Paul Paray. Il lui faut attendre 1913 pour que lui soit décerné le premier grand prix pour sa cantate Faust et Hélène, ex æquo avec Lili Boulanger.

Au lendemain de la déclaration de guerre, le 10 août 1914, il s'engage dans l'armée et se bat héroïquement. Le 31 décembre 1915, il est grièvement blessé en Argonne et perd l'usage de son œil gauche. Il faut attendre plus de deux ans la guérison. Sa longue convalescence se passe dans la région de Dieppe, où il sympathise avec le curé de la paroisse Saint-Jacques. En juillet 1926, il prend le poste d'organiste de cette église et voit la reconstruction de l'orgue par Victor Gonzalez en 1929.

En 1918, il se remet à composer : six poèmes de Maurice d'Assier et un Ave Verum pour soli, chœur, orgue. Son poème symphonique Offrande à Siva est une œuvre originale aux couleurs vives, tout comme Ce monde de Rosée, un recueil de 14 anciens uta japonais. Le Bal Vénitien, créé par Walther Straram en 1930, est une suite de cinq danses.

Il écrit pour les voix avec Aurore (Victor Hugo) et Nuit triomphante (Paul Colin). La Source, sur des poèmes de Leconte de Lisle, lui vaut en 1912 la première place au concours d'essai du Prix de Rome. En 1926, il compose Boccaceries, cinq pièces pour piano qui seront orchestrées peu avant sa mort. En 1931, il compose Croquembouches, un recueil de 12 pièces pour piano, Heures juvéniles, Images pour les Contes du Temps passé (à quatre mains).

Le 8 décembre 1935, les Concerts Colonne donnent la première audition de Pamir, suite d'orchestre où l'on retrouve l'essentiel de la musique écrite pour le film « La Croisière Jaune ». Il compose également six chansons de la Ville et des Champs d'après des airs populaires du XVIIIe siècle, Onchets, cinq mélodies sur des poèmes de René Chalupt, Quatre chansons de Clément Marot. Il compose de la musique de chambre : Quintette avec piano (1907), Trio avec piano (1909), les Danceries, cinq pièces pour violon et piano (1935).

En décembre 1938, le théâtre Montansier de Versailles représente son opéra-bouffe La Femme à Barbe, sur un livret d'André de la Tourasse, que l'Opéra-Comique reprend en octobre 1954. Lucifer, mystère en un prologue et trois épisodes sur un texte de René Dumesnil, inspiré librement du « Caïn » de Lord Byron, est créé le 15 décembre 1948 à l'Opéra. Cet opéra est caractérisé par l'emploi dans la fosse d'un quatuor vocal tenant lieu de récitant et par les chœurs placés de chaque côté de l'orchestre dans les avant-scènes du rez-de-chaussée et du premier étage. Il faut encore mentionner la musique de scène d'"Œdipe-Roi" dans l'adaptation de Gabriel Boissy (Orange, 1939), la musique de scène du "Bourgeois Gentilhomme", la charmante Radio-Sérénade qu'il avait écrite en 1914 sous le titre Sérénade dans la classe de Charles-Marie Widor. En 1947, il ajoute à son Ave Verum, écrit en 1921, trois autres motets (Ave Maria, Tu es Petrus et un Tantum ergo) donnés en première audition le 4 mars 1951 aux Concerts Lamoureux.

Il succède le 15 avril 1941 à Henri Rabaud à la tête du Conservatoire. Pendant l'Occupation, il parvient, avec l’aide de l'organiste et professeur d'orgue Marie-Louise Boëllmann et de Jacques Chailley, à soustraire ses élèves au STO institué par la loi du 16 février 1943, en réunissant les élèves concernés par cette mesure pour former l'Orchestre des Cadets du Conservatoire. Il parvient à convaincre les autorités allemandes que de cette manière ces jeunes gens s’acquittent de leurs obligations. Lors du premier concert de l’Orchestre des Cadets du Conservatoire, le 12 décembre 1943, Roger Désormière dirige une symphonie de Joseph Haydn, mais surtout des œuvres de musique française. Les musiciens français restèrent au programme de l’orchestre par la suite.

Toutefois, au printemps 1944, les Allemands s'aperçoivent de la supercherie. Delvincourt gagne du temps, fournit aux élèves menacés de faux papiers d’identité, et les aide à entrer dans la clandestinité. Bientôt c'est lui-même qui doit disparaître, caché par un ami juif jusqu'à la Libération.

Ancien Croix de feu, Delvincourt avait également rejoint les rangs du Front national des musiciens, organisation de résistance à l'occupant, créée à l'instigation du Parti communiste français.

En 1953, il institue un cours obligatoire de culture générale pour tous les élèves du Conservatoire afin de sortir le musicien de son isolement.

Le Quatuor à cordes est le dernier ouvrage qu'il a achevé, et c'est en se rendant à Rome pour la première audition qu'il est victime de l'accident de voiture survenu sur une route d'Orbetello (province de Grosseto, en Italie) qui lui coûta la vie.
« J'ai voulu que ce quatuor fût une musique entièrement gratuite ; je ne veux pas être prisonnier d'aucun système, d'aucune doctrine, et je me suis gardé de me laisser envahir par une préoccupation littéraire. »
Il laisse inachevé un concerto pour piano.

Albert Roussel, 155 ans

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Le compositeur français Albert Roussel est né à Tourcoing le 5 avril 1869 et mort à Royan le 23 août 1937.

Membre d'une famille de la bourgeoisie industrielle tourquennoise dans laquelle on compte plusieurs artistes amateurs de bon niveau, Albert Roussel fait ses études secondaires à l'Institution libre du Sacré-Cœur de Tourcoing.

Orphelin à l'âge de sept ans, il est recueilli par son grand-père, maire de Tourcoing, puis par sa tante maternelle. Il intègre le collège Stanislas de Paris où l'organiste Jules Stolz lui fait découvrir Bach, Beethoven et Mozart.

La lecture des romans de Jules Verne le décide à devenir marin.
Il est admis à l'École navale en 1887 et sert quelques années dans la Marine nationale. Il naviguera beaucoup et ses nombreux voyages seront une source d'inspiration pour ses œuvres musicales.

Il démissionne de la Marine en 1894 pour se consacrer exclusivement à la musique.
Julien Koszul, grand-père d'Henri Dutilleux, lui donne des leçons d'harmonie à Roubaix et l'encourage à se rendre à Paris pour étudier le contrepoint et la fugue avec Eugène Gigout. Il s'inscrit en 1898 à la Schola Cantorum. Lui-même y enseigne le contrepoint entre 1902 et 1913, comptant parmi ses élèves Guy de Lioncourt, Jean Henry, Lucien Lambotte, Marcel Orban, Paul Le Flem, Roland-Manuel, Stan Golestan, Ladislas de Rohozinski, Erik Satie, Edgard Varèse.

Ancien officier de marine, il reprend du service à 45 ans pendant la Première Guerre mondiale. Démobilisé, il continue d'enseigner en privé ; viennent solliciter ses conseils : Bohuslav Martinů, Émile Goué, Jaroslav Křička, Hans Krása, Julie Reisserová, Josef Páleníček, Piotr Perkowski, Pedro Petridis, Conrad Beck, Cesare Brero, Luigi Cortese, Jean Martinon, Jacques Leguerney, Joseph Vals, Jorgen Jersild, Knudåge Riisager, Suzanne Rokseth, Alexandre Voormolen, etc. Son influence est grande sur les jeunes musiciens de l'entre-deux guerres qui le considéraient comme un chef de file est capitale.

Bien qu'influencé au début de sa carrière par Claude Debussy et Vincent d'Indy, son professeur d'orchestration, Roussel fit preuve assez vite d'une grande originalité. Sa musique se distingue par le raffinement de l'harmonie, les audaces rythmiques et la richesse du coloris toujours au service d'une musique pure libérée de tout pittoresque ou de références folkloriques. Il a laissé entre autres des mélodies, de la musique de chambre, diverses pièces pour piano, deux concertos (pour piano et pour violoncelle), quatre symphonies (la 3e, en sol mineur, est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre du genre), les ballets Le Festin de l'araignée, Bacchus et Ariane et Aeneas. L'opéra-ballet Padmâvatî et le triptyque symphonique avec solistes et chœur Évocations furent inspirés par son voyage de noces aux Indes.

Il a vécu à Paris de 1929 à sa mort survenue à Royan des suites d'un malaise cardiaque. Il meurt le 23 août 1937, la même année que les musiciens Charles-Marie Widor, Louis Vierne, Gabriel Pierné, Henri Libert et Maurice Ravel.

La bibliothèque-musée de l'Opéra de Paris conserve son portrait peint par Claude-René Martin. Un timbre à son effigie a été émis par la Poste française pour le centenaire de sa naissance en 1969.