Le Journal

Yannick Nézet-Séguin prolonge au Met

par

Yannick Nézet-Séguin a renouvelé son contrat au Metropolitan Opera jusqu'en 2030.

La prolongation comprend une nouvelle production du Ring de Wagner, avec Lise Davidsen, qui débutera au cours de la saison 2027-28 et se terminera par des cycles complets au printemps 2030.

Joseph Kosma, 55 ans

par

Le compositeur français, juif hongrois d'origine et naturalisé français en 1948, Joseph Kosma (en hongrois Kozma József) est né le 22 octobre 1905 à Budapest et mort le 7 août 1969 à La Roche-Guyon (Val-d'Oise).

Formé à la composition et à la musique contemporaine à Budapest, passé à la musique de combat à Berlin, exilé en France et intégré au milieu parisien, il va se consacrer pendant trente ans à la musique d'accompagnement pour la chanson (près de 150 titres) et pour le cinéma (près de 90 longs métrages) où son union avec le poète Jacques Prévert a joué de part et d'autre un rôle essentiel pour la création poétique et musicale populaire du vingtième siècle.

La vie, la carrière et l’œuvre de compositeur de Joseph Kosma dans les domaines de la chanson, de la musique de cinéma et de scène sont jalonnées de dates d'exils, de fuites, de rencontres, de ruptures, d’échecs, de succès et de triomphes, et d’équivoques, dans un monde menaçant et en mouvement.

Jeune juif étudiant dans une Hongrie antisémite, il se forme ensuite à l'école de Vienne par Béla Bartók. En 1929, c'est le départ pour Berlin, la rencontre avec Bertolt Brecht et Hanns Eisler d'une musique d’agitation populaire. En 1933, il fuit le nazisme et Hitler et trouve exil en France où en 1935 il rencontre Jacques Prévert. C'est alors l’entrée dans le monde parisien, la poésie, la chanson, l'engagement dans la lutte sociale, l'antifascisme, et le groupe Octobre. En 1936, il entre dans le monde du cinéma via Marcel Carné et Jean Renoir.

En 1940, c'est la fuite devant les Allemands, l’accueil dans le midi de Prévert et le travail clandestin avec ce dernier et Carné. En 1945, c'est le triomphe des « Enfants du Paradis », et l'année suivante le miracle de la poésie, de la mise en musique et en chanson du recueil « Paroles » de Prévert. En 1949 il connaît la gloire mondiale avec la mise en musique des « Feuilles mortes ».
En 1951, c'est la séparation douloureuse avec Prévert puis la consécration avec d'autres chansons, le compagnonnage du Parti communiste français et la confirmation dans le cinéma.
Les années 1960 sont enfin celles des créations scéniques au ballet et à l'opéra.

 

Barbara Strozzi, 405 ans

par

La cantatrice et compositrice italienne Barbara Strozzi est née le 6 août 1619 à Venise et morte le 11 novembre 1677 à Padoue.

Elle est, avec Francesca Caccini et Antonia Bembo, l'une des principales compositrices italiennes du XVIIe siècle. Elle est aussi la première compositrice professionnelle. Elle a publié une œuvre plus abondante que les autres compositeurs vénitiens du XVIIe siècle : 8 ouvrages d'arie, de cantates et d'ariettes ainsi qu'un ouvrage de musique sacrée.

La mère de Barbara Strozzi, Isabella Garzoni dite « La Greghetta », est la servante du poète Giulio Strozzi, un auteur de livrets d'opéra actif à l'Académie de Rome et de Venise. « Née d'un père inconnu », Barbara Valle est adoptée par Giulio Strozzi comme « fille élective » (figliuola elettiva) : dans son testament, Strozzi fait de Barbara sa seule héritière dans le cas où il survivrait à Isabella Garzoni. Il est donc assez probable que Garzoni ait été la maîtresse du poète, et que Barbara soit sa fille.

Giulio Strozzi, très influent dans les cercles littéraires et musicaux de Venise, prodigue une éducation littéraire et musicale à sa fille et encourage sa carrière musicale au sein de l'Académie, en tant que chanteuse et compositrice.

Comme on peut le lire dans la préface de son deuxième livre de madrigaux, Barbara Strozzi étudie la composition auprès de Francesco Cavalli, le compositeur d'opéra italien le plus célèbre après Claudio Monteverdi et, à partir de 1634, on la trouve associée comme chanteuse et compositrice à l'Accademia degli Incogniti fondée par Giovan Francesco Loredan. Le poète Niccolò Fontei en parle comme d'une cantatrice de rang supérieur : « si j'étais capable de transcrire sur le papier l'audace et le charme de cette grande chanteuse, il faudrait la force d'Ulysse pour résister aux tentations d'une telle sirène ». Il publie pour elle deux livres de chants, Bizzarrie poetiche poste in musica (1635 et 1636).

En complément de l'Accademia dei Incogniti fondée par l'écrivain Giovan Francesco Loredan, Giulio Strozzi crée l'Accademia degli Unisoni (1637-1638), salon d'intellectuels et de musiciens, en partie pour donner à sa fille l'occasion de chanter au cours des débats académiques. En 1638, l'Académie publie un compte-rendu des réunions (Le Veglie de' Signori Unisoni) dans lequel elle apparaît pour la première fois sous le nom de « Barbara Strozzi ». La beauté et le talent de sa fille adoptive en assurent le succès. Intelligente et vive d'esprit, elle préside les réunions et détermine les sujets qui feront l'objet de débats durant la soirée.

Parallèlement aux comptes-rendus laudatifs des Veglie, une série de textes satiriques, signés L'Incognito, circule dans Venise. Les textes se moquent des talents poétiques du père et mettent en doute la vertu de la fille. Cette accusation d'être une courtisane, qui repose aussi sur les quatre enfants qu'elle a eus hors mariage, n'est pas attestée.

En 1644, à une époque où peu de musiciens font imprimer leurs œuvres à cause du coût que cela représente, elle publie son premier livre de madrigaux sur des textes de son père, comme bon nombre de ses œuvres. Ce recueil est dédié à la Grande Duchesse de Toscane. Dans la préface, Strozzi parle de cet ouvrage comme d'une « première œuvre que moi, en tant que femme, je propose anxieusement au grand jour ».

Une seconde publication suit en 1651, un recueil de cantates, d'ariettes et de duos ; ce recueil comprend notamment la cantate composée en l'honneur du mariage de l'Empereur Ferdinand III de Habsbourg et d'Éléonore de Mantoue.

Bien que Barbara Strozzi soit la seule héritière de Giulio Strozzi, elle ne semble pas avoir eu de gros gain financier à la mort de celui-ci, en 1652. Peut-être peut-on y voir une explication de la fréquence de ses publications ensuite, sans que cet effort soit payant : elle a connu des difficultés financières toute sa carrière. Pourtant, le fait qu'elle publie autant est le signe que sa musique rencontrait un certain succès.

Sa troisième publication, datée de 1654, inclut des cantates et des ariettes à une, deux et trois voix. Sa quatrième publication est perdue. Son seul ouvrage de musique sacrée arrive en 1655. Ses derniers livres sont publiés en 1657, 1659 et 1664.

Elle compose de nombreuses œuvres vocales pour des mécènes, comme le Doge de Venise Nicolò Sagredo, Ferdinand III de Habsbourg et Éléonore de Nevers-Mantoue, ou Sophie de Bohême, Duchesse de Brunswick.

Jusqu'en 1664, elle publie 125 œuvres sur huit opus, des madrigaux et surtout des arias et des cantates.

On sait peu de chose sur sa vie après sa dernière publication en 1664. On a d'ailleurs longtemps pensé qu'elle était morte à cette date.

Bien que n'ayant jamais été mariée, Barbara Strozzi a eu quatre enfants.
Elle meurt pauvre, des suites d'une maladie de trois mois, le 11 novembre 1677, à Padoue.

Bien que le XVIIe siècle ait été un grand siècle d'opéra à Venise, Strozzi n'a écrit que pour voix et basse continue.

Beaucoup de ses œuvres sont nées de défis au cours desquels les membres de l'Académie lui demandaient de mettre en musique des textes qu'ils lui donnaient, généralement à propos de l'amour dans une esthétique mariniste (esprit, virtuosité linguistique et imagerie érotique). Conformément aux canons de l'époque, les airs de Barbara Strozzi laissent une grande place au sens des mots, afin que tout le monde puisse comprendre le sens du discours ; elle adapte ainsi sa musique aux poèmes souvent malicieux ou ironiques qu'on lui donne. Les vocalises sont réservées aux passages narrativement moins importants.

Ses arias, souvent dramatiques, sont proches de ceux écrits pour l'opéra, à une époque qui poursuit la découverte de la basse continue comme accompagnement. Généralement courtes, les arias sont strophiques : chaque strophe est chantée sur la même musique. Ses cantates sont plus longues, construites en sections, et la musique suit le sens des paroles.

Les partitions proposent de nombreuses indications de dynamique et des instructions précises concernant le phrasé, signifiant que Strozzi maîtrisait les effets produits par sa musique. Les airs ne sont pas excessivement virtuoses ni exigeants en tessiture.

À partir de la fin des années 1970, le travail de la chercheuse Ellen Rosand sur les partitions de Strozzi, visant à les rendre lisibles par des musiciens d'aujourd'hui, en fait une des musiciennes du XVIIe siècle les plus accessibles à l'interprétation.

Eustache Du Caurroy, 415 ans

par

François-Eustache Du Caurroy, né à Gerberoy (Oise), baptisé à Beauvais le 4 février 1549 et mort à Paris le 7 août 1609, est un compositeur français.

Eustache Du Caurroy est le fils de Claude Du Caurroy (né en 1518 à Gerberoy, au nord-ouest de Beauvais, prévôt et procureur du roi à Beauvais) et d’Hélène de Ville (épousée le 21 novembre 1545). Il a au moins trois frères : François, commandeur de l’ordre de Malte, Claude, médecin (peut-être médecin du Roi entre 1607 et 1631), et Nicolas, apothicaire établi à Coulommiers. Sa famille est de petite noblesse, produisant des officiers du roi, des juges, des prévôts, des médecins...

Rien de précis n’est connu sur son éducation musicale. Il a sans doute été enfant de chœur dans une des maîtrises du Beauvaisis, une région riche en églises bien dotées.

Il apparaît comme chantre haute-contre à la Chapelle du Roi, se présentant comme tel au Puy d’Évreux de 1575. À partir de 1578, il devient sous-maître de la Chapelle du Roi en alternance avec Nicolas Millot et Didier Leschenet. À ce poste il reçoit 400 lt (livres tournois) de gages annuels et 900 lt pour l’entretien de six pages, et se maintient à son office de chantre.

Parallèlement, en 1578 et 1580-1587, Du Caurroy est cité comme chantre haute-contre de la chapelle de Catherine de Médicis. Il est toujours cité comme chantre haute-contre de la Chapelle du Roi en 1589, aux gages de 300 lt.

En 1595, il cumule la charge de sous-maître de la chapelle avec celle de compositeur de la Chambre du Roi, tenue jusqu’à sa mort. En 1602 enfin, il passe d’un registre de haute-contre à celui de taille.

Au début de sa carrière, Du Caurroy remporte trois prix au Puy de musique d’Évreux, à savoir :

- en 1575, il obtient le cornet d'argent pour la chanson polyphonique à quatre voix Rosette pour un peu d’absence ;
- en 1576, l'orgue d'argent pour son motet à cinq voix Tribularer si nescirem, perdu ;
- en 1583, le luth d'argent pour la chanson Beaux yeux (chanson à cinq voix, perdue).

Du Caurroy a obtenu ou sollicité plusieurs bénéfices entre 1596 et 1606, après avoir passé au moins vingt ans de sa carrière à la Chapelle du Roi. Ceux-ci peuvent être vus comme des signes de l’attachement des Rois à le conserver à leur service. On connait :

- un canonicat à la Sainte-Chapelle de Dijon, dès 1596, résigné en 1599 au profit de Philibert Dubuisson, mais à nouveau sollicité en 1605 et résigné en 1607.
- la prieure de Saint-Cyr-en-Bourg en 1598.
- la prieure de Passy-sur-Seine (à l’est de Fontainebleau) en 1599, à la suite de Jean Regnault, aussi chantre de la Chapelle du roi
- la prieure de l'église Saint-Ayoul de Provins dès 1601, baillée à ferme pour 6 ans à un sergent royal de Provins.
- un canonicat prébendé de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans. Il était fort peu présent à Orléans et ne siégeait donc pas, ce qui déplaisait au chapitre cathédral qui lui fit des remontrances et finit par lui proposer un compromis.
- la maladrerie et léproserie de la Ferté-Alais (ville où résidait son neveu André Pitart), achetée le 17 mars 1603.

Du Caurroy loue dès 1594 une maison à Paris. Le 15 décembre 1607, il vend ses biens acquis autour de Saint-Ayoul de Provins (peut-être pour financer ses éditions).

Il meurt le 7 août 1609 et est enterré dans l’église des Grands-Augustins. C’est Nicolas Formé qui lui succède comme sous-maître de la chapelle du roi en 1609. Son inventaire après décès a été retrouvé et fournit des informations intéressantes. Outre le mobilier et les vêtements, des papiers et quittances diverses, il fait apparaître une petite bibliothèque (traités de Gioseffo Zarlino, musique de Claude Le Jeune, Josquin des Prés et du « signor Alphonco », musique manuscrite). Il mentionne aussi un accord passé entre Du Caurroy et l’imprimeur Pierre I Ballard pour la publication de ses œuvres, avec un reçu de l’imprimeur qui atteste en avoir reçu la musique signé du jour même de l’inventaire. Son testament est produit par son neveu André Pitart qui est aussi un des deux exécuteurs testamentaires, tandis que son frère Nicolas Du Caurroy est son légataire universel.

Comme bien d’autres à cette époque, Du Caurroy n’a publié ses œuvres qu’à la toute fin de sa vie (hormis les chansons et les Preces ecclesiasticæ, elles paraissent toutes en 1610 et sont donc posthumes). Son neveu André Pitart se charge de leur publication chez Ballard et signe la préface posthume des Fantasies et des Meslanges de 1610.

Dans ses éditions, de nombreuses pièces liminaires attestent de sa célébrité de son vivant. Son épitaphe est écrite par Jacques Davy du Perron, puis gravée sur un marbre aux frais de Nicolas Formé et apposée à l’église des Grands-Augustins.

Du Caurroy est plusieurs fois cité par Marin Mersenne dans « Harmonie universelle pour sa science du contrepoint », comme un modèle à imiter. Celui-ci y publie plusieurs pièces de sa main, dont un Pie Jesu à 6 voix.

Quelque peu oublié après Mersenne, Du Caurroy est cité à nouveau à partir de 1780 par La Borde. La qualité de ses œuvres et l’importance de sa carrière ont fait que la totalité de son œuvre est maintenant publiée (hormis les deux messes redécouvertes en 2016).

Le Conservatoire de musique de Beauvais porte son nom.

Esteban Batallán, trompette solo à Philadelphie

par

L'Orchestre de Philadelphie a annoncé qu'à partir de septembre prochain, l'Espagnol Esteban Batallán sera son nouveau trompette solo, poste que l'orchestre américain n'avait pas attribué depuis près de trois décennies. Batallán vient du Chicago Symphony Orchestra où, en 2019, il a été nommé trompette solo par Riccardo Muti.

Auparavant, Batallán était trompette principale de l'Orchestre Philharmonique de Hong Kong (2018-19) et de l'Orchestre de la ville de Grenade (2002-18). Il a également été trompette solo invitée de l'Orchestre Royal de Séville (2010-14) et de l'Orchestre du Théâtre de la Scala et de la Filarmonica della Scala (2015-18).

Theodor W. Adorno, 55 ans

par

Theodor W. Adorno, né Theodor Ludwig Wiesengrund le  à Francfort-sur-le-Main et mort le  à Viège, est un philosophe, sociologue, compositeur et musicologue allemand.

En tant que philosophe, il est avec Herbert Marcuse et Max Horkheimer l'un des principaux représentants de l'École de Francfort, au sein de laquelle a été élaborée la théorie critique.
En tant que musicien et musicologue, il est représentant de la seconde école de Vienne et théoricien de la nouvelle musique.
Il introduit avec Max Horkheimer la notion interdisciplinaire d'industrie culturelle, dont ils traitent en particulier dans l'essai Kulturindustrie de Dialectique de la Raison.

Eduard Hanslick, 120 ans

par

Eduard Hanslick est un écrivain autrichien originaire de Bohême, sans doute le critique musical le plus influent du XIXe siècle. Il est né le  à Prague et mort le  à Baden.

Son père Joseph Adolph Hanslick est un professeur de musique issu d'une famille autrichienne. À l'âge de 18 ans, il étudie la musique avec Václav Tomášek, un des musiciens éminent de Prague.
En 1854, Hanslick publie Du Beau dans la musique, essai de réforme de l’esthétique musicale, qui est entre autres, un pamphlet contre Wagner (principalement L’œuvre d’art de l’avenir de 1849 et Opéra et drame de 1851), où il critique « l'importance de l'émotion dans la musique » et le caractère descriptif des œuvres de certains compositeurs (Wagner, Liszt, Berlioz…), il défend la musique comme « art autonome »…
Parallèlement, il obtient un diplôme de droit à l'université, tout en écrivant sur la musique pour le Wiener Musik-Zeitung et le Neue freie Presse -un journal auquel il restera fidèle de 1864 jusqu'à sa mort ; d’ailleurs ses nombreux articles tiendront en 13 volumes.
Dès 1861, il est nommé professeur d'histoire et d'esthétique musicale à l'Université de Vienne.
Hanslick a aussi participé à de nombreux jurys dans le domaine de la musique, notamment un poste permanent pour le ministère de la culture autrichien. Il se retire après avoir écrit ses mémoires et continue d'écrire jusqu'à sa mort dans les différents journaux auxquels il participe.

Ami proche de Brahms à partir de 1862, Hanslick a une influence certaine sur le compositeur qui lui fait découvrir ses œuvres avant les premières. Brahms lui a dédié ses Valses, op. 39.

Les goûts musicaux d'Hanslick sont conservateurs ; dans ses mémoires, il décrit l'histoire de la musique comme commençant réellement avec Mozart et culminant avec Beethoven, Schumann et Brahms. Il est ainsi aujourd’hui davantage connu pour son soutien inconditionnel à Brahms contre les musiques de Wagner et Bruckner. En cela, avec Karl Goldmark, Joseph Joachim et Brahms, il s’oppose au critique Richard Pohl du Neue Zeitschrift für Musik qui défend Wagner et Liszt.

Bien que conscient du génie de Wagner, notamment dans un article sur Tannhäuser, Hanslick, qui défend la musique s'exprimant elle-même -la musique pure, trouve que la musique de Richard Wagner est trop descriptive et dramatique. En dehors de Wagner, Anton Bruckner et Hugo Wolf ont durement subi les critiques d'Hanslick.

Pourtant, l'élève de Bruckner, August Stradal, dont le père était un ami intime de Hanslick, rapporte que ce dernier était très maladroit au piano et que ses connaissances théoriques étaient déplorables. Pour Hanslick, Johann Sebastian Bach ne contenait que du formalisme et les dernières œuvres de Beethoven lui étaient totalement imperméables. Elles étaient à mettre sur le compte de sa surdité. En revanche, les connaissances de Hanslick étaient sans limite sur les moindres opéras et opéras-comiques italiens et français de la période décadente, de Spontini à Donizetti et de Boïeldieu à Ambroise Thomas.

Tel fut l'homme qui, dans la Vienne de la fin du XIXe siècle, se fit le censeur de génies universels tels que Franz Liszt, Richard Wagner, Hugo Wolf et surtout Anton Bruckner, sur lequel Hanslick s'acharna malgré les sommets atteints par Bruckner en matière de musique symphonique, sommets auxquels devaient être redevables plus tard des compositeurs comme Mahler, Stravinsky, Schönberg et Sibelius.

Antonín Dvořák avait eu l'intention de dédier à Hanslick son Concerto pour piano en sol mineur (opus 33), mais finalement cette œuvre fut publiée sans dédicace.

Anja Bihlmaier, cheffe invitée principale du BBC Philharmonic

par

La BBC a nommé aujourd'hui la musicienne allemande Anja Bihlmaier comme cheffe invitée principale du BBC Philharmonic.

Anja Bihlmaier, 45 ans, vient de quitter le Residentie Orchestra de La Haye après un mandat de trois ans en tant que cheffe. Jeudi, elle dirigera pour la deuxième fois le BBC Philharmonic aux BBC Proms. L'orchestre a le Finlandais John Storgards comme directeur musical.

Le chef d'orchestre espagnol Miguel Ángel Gómez Martínez est décédé à 74 ans

par

Le célèbre chef espagnol Miguel Ángel Gómez Martínez est décédé hier à l'âge de 74 ans. Sans que les causes de sa mort subite aient été révélées, le maestro de Grenade était étroitement lié à l'Opéra de Vienne dans la seconde moitié des années 70.
En Espagne, il dirige l'Orchestre de la RTVE entre 1984 et 1987, date à laquelle il assume la direction musicale du Teatro de la Zarzuela. Il a également été chef principal de l'Orchestre Euskadi (1889-1993) et de l'Orchestre de Valence (1997-2004).

Stjepan Sulek, 110 ans

par

Stjepan Šulek ( - mort à Zagreb le ) est un compositeur et chef d'orchestre croate.

Šulek commença très jeune ses études musicales avec le piano, le violon et la composition musicale. En 1936, il obtint son diplôme de l'Académie de musique de Zagreb. Jusqu'en 1952, Šulek donna divers récitals comme soliste au violon.
De 1936 à 1938, il fut également premier violon du quatuor à cordes de Zagreb. Il fut également membre du trio Maček-Šulek-Janigro de 1939 à 1945.
Šulek commença à enseigner le violon au Conservatoire de Zagreb en 1939, la composition à partir de 1948 et l'orchestration en 1953.

Šulek devint membre de l'Académie croate des arts et sciences en 1948 et membre officiel et secrétaire du Département de musique en 1954.
De 1958 à 1964, il dirigea l'orchestre de chambre et l'orchestre symphonique de la radio-télévision de Zagreb.

Il mourut à Zagreb en 1986.

Šulek occupe une place essentielle dans l'histoire de la musique croate. Il met l'accent sur la qualité de la forme, la densité du contenu, la richesse de l'orchestration, la compréhension des modèles classiques.
La musique de Šulek est foncièrement tonale, bien qu'affectionnant les glissements chromatiques qui contribuent à la rendre instantanément reconnaissable et ne conservant pas toujours l'unité de tonalité classique.
Paradoxalement peut-être, ce traditionalisme va à l'encontre de l'idéologie officielle basée sur le "réalisme socialiste", en ce qu'il refuse toute démagogie simpliste et ne s'inspire absolument pas du folklore national. D'une certaine manière, il semble même évoluer à contre-courant de l'Histoire dans sa dernière période, les références à Bruckner, Richard Strauss, P.I.Tchaïkovsky s'y faisant de plus en plus explicites, par exemple dans la Symphonie no 8.