Le Ring version Reader's Digest

par

Richard WAGNER (1813-1883)
Der Ring des Nibelungen, extraits

Albert DOHMEN (Wotan/Wanderer), Linda WATSON (Brünnhilde), Endrik WOTTRICH (Siegmund), Eva-Maria WESTBROEK (Sieglinde), Stephen GOULD (Siegfried), Hans-Peter KÖNIG (Hagen), Andrew SHORE (Alberich), Gerhard SIEGEL (Mime), Orchestre du Festival de Bayreuth, dir.: Christian THIELEMANN
2008-DDD-73' et 79'-Textes de présentation en français, anglais et allemand-Opus Arte OA CD9011 D (2 cd)
Quelle peut être l'utilité de ce condensé du monument wagnérien, extrait de la première intégrale du Ring par Christian Thielemann, première puisqu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, sa seconde, réalisée à Vienne, paraît chez Deutsche Gramophon? Ici, il s'agit du témoignage qu'il gravait en 2008 à Bayreuth, déjà critiqué dans nos colonnes à l'époque. Pas de surprises dans la sélection; presque tous les « tubes » y sont: descente au Nibelheim, entrée des dieux au Walhalla, chevauchée des Walkyries, adieux de Wotan, chant de la forge, réveil de Brünnhilde, voyage de Siegfried sur le Rhin, mort de Siegfried, immolation de Brünnhilde. Par contre, pas de prélude de L'Or du Rhin, pas de murmures de la forêt mais plutôt la malédiction d'Alberich ou le trio de la vengeance. Pourquoi pas? Cela ne change de toute façon rien au constat: ce Ring est d'une pauvreté artistique rare et offre en prime, si l'on peut dire, cette particularité de ne jamais opter pour le bon tempo. Bien trop lent dans la scène des filles du Rhin, bien trop rapide dans la visite au Nibelheim (pauvres gnomes: à ce rythme-là, ils ne doivent pas faire de vieux os!), etc. Aucune grandeur, aucune métaphysique, juste un orchestre qui assure tout au plus le minimum syndical et est dirigé d'une manière que l'on qualifiera avec euphémisme de militaire. Que l'on aime ou pas Wagner, le fait reste qu'il y a un « son » Wagner et tout un monde à recréer. Quel comble, dès lors, que, capté dans l'enceinte même du temple sacré, on ait en permanence l'impression d'être à des années-lumière de cet univers. Et puis, comment est-il possible de passer tellement à côté de la poésie si intense de tant de ces pages? Ici, on parlerait d'objectivité forcenée si on n'avait pas autant l'impression qu'il s'agit tout simplement d'un consternant manque d'inspiration. Ne parlons même pas des voix: elle vont de l'acceptable (Wotan) à l'indigne (filles du Rhin) et à l'inaudible (le Siegmund affreusement nasal et étranglé de Endrik Wottrich). Un digest peut-être mais combien... indigeste quand même!
Bernard Postiau
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 4

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