Le tout jeune ensemble Alterna, rafraîchissant dans trois Trios avec piano de Beethoven

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Trios avec piano en si bémol majeur Op. 11, en ré majeur Op. 70/1, en mi bémol majeur Op. 70/2. Trio Alterna. Takahiko Sakamaki, pianoforte. Anna Dmitrieva, violon. Amarilis Dueñas Castán, violoncelle. Mars & mai 2022. Livret en anglais, allemand. TT 75’24. Genuin GEN 23806

On sait gré à la notice de retracer l’histoire des Trios avec piano de Beethoven, dont le présent album propose ceux communément connus comme les quatrième (opus 11), cinquième et sixième (opus 70), respectivement datés de 1798 et 1808. Même si l’édition 2022 du concours international Beethoven in seiner Zeit organisé à Siegburg a hélas dû abdiquer faute de participants, la toute première saison en 2021 avait recueilli une quarantaine de candidatures. Le Trio Alterna y recevait un second prix et fut particulièrement admiré pour son interprétation du Largo du Geister-Trio. Une louange que confirme l’exécution richement texturée que nous entendons ici.

La farouche énergie qui s’empare de l’Allegro con brio du « Gassenhauer » (initialement conçu pour clarinette) révèle l’enthousiasme de ce jeune ensemble à l’affut des pratiques historiquement informées, qui joue sur instruments d’époque ou assimilés : un violon anglais de c1800, un violoncelle copié de Montagnana (1740), un pianoforte de Conrad Graf. Jos van Immerseel, Vera Beths, Anner Bylsma (Sony), Patrick Cohen, Christophe Coin, Eric Hoebarth (Harmonia Mundi), le London Fortepiano Trio (Hyperion), le Trio Goya (Chandos), le Trio Rautio (Resonus) ont diversement montré ce qu’une telle esthétique peut apporter aux couleurs, aux équilibres instrumentaux revisités.

Le clavier de Takahiko Sakamaki imprègne la trame sans la dominer, l’archet d’Amarilis Dueñas Castán dose l’élan rythmique sans le surexposer, le violon acidulé d’Anna Dmitrieva apporte la caractérisation nécessaire à une concertation aussi vivante qu’équilibrée. Cohérence de la palette et des intentions. Une projection impérieuse mais ni péremptoire ni crispée. Idéale recette. L’Allegro ma non troppo de l’opus 70/2 offre un modèle de délicate respiration. L’interprétation de l’Allegretto qui suit instille ses incises rythmiques avec intelligence et sensibilité. Deux vertus qui singularisent globalement cette avenante proposition. Au point qu’on l’espère le premier maillon d’une intégrale de ce corpus qui, paré de tels soins, et malgré une abondante discographie, laisse encore du champ pour de si enviables réalisations, brossées au frais pigment.

Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 9-10 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

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